De la mort des persécuteurs de l’Église/Traité/31

XXXI.

Dieu, ayant vengé sa religion et son peuple sur le vieux Maximien, étendit sa main sur Galère, un des plus ardents persécuteurs des chrétiens, et lui fit sentir la pesanteur de son bras. Ce prince, à l’exemple de Dioclétien, songeait à célébrer les Vicennales, et, d’après ce prétexte, quoique par ses exactions précédentes il eût épuisé l’or et l’argent des provinces, il chargea encore le peuple de nouvelles impositions. Il serait impossible de dire avec quelle rigueur se levèrent ces taxes. Galère avait pour exécuteurs de ses ordres des soldats, ou plutôt des bourreaux. On ne savait lequel il fallait satisfaire le premier, nulle grâce pour ceux qui étaient dans l’impossibilité de payer ; on devait s’attendre aux plus cruels traitements, si l’on ne donnait sur-le-champ ce qu’on n’avait pas ; on était entouré d’une foule de surveillants barbares, qui ne permettaient pas de respirer ; aucun temps de l’année où l’on pût avoir le moindre repos ; tous les jours de nouvelles querelles, de nouvelles demandes ; point de caves, point de granges sans un commis ; on emportait tout ce qui était nécessaire aux plus indispensables besoins de la vie. Quelque horrible qu’il soit de se voir ravir le fruit de ses peines et de ses travaux, au moins peut-on se consoler par l’espérance d’un avenir plus heureux. Mais comment se passer de vêtements et de meubles ? N’est-ce pas avec la vente de ses denrées qu’on se procure ces choses ? Et comment se les procurer, si un prince barbare enlève tout le fruit des productions de la terre ? Qu’est-ce qui n’a pas été dépouillé de ses biens, pour fournir aux frais de ces Vicennales, qui toutefois ne devaient pas avoir lieu ?