De la mort des persécuteurs de l’Église/Traité/22
XXII.
Cette science abominable dans l’art de tourmenter les chrétiens, Galère s’en servait à l’égard de tous ses sujets. Il ne voulait point de peines légères, telles que l’exil, la prison, les mines ; tout lui paraissait digne du feu, de la croix, des bêtes féroces. Il faisait châtier ses domestiques et ses officiers avec la lance. Couper la tête passait pour une grâce, et il fallait de grands services rendus pour obtenir une mort si douce. Ceci n’était rien en comparaison de ce que je vais raconter. Plus d’éloquence, plus d’avocats ; tous les jurisconsultes relégués ou mis à mort. Les lettres étaient comptées parmi les arts dangereux ; ceux qui les cultivaient étaient traités d’ennemis de l’État et perturbateurs du repos public. La licence de tout faire, de tout oser, tenait aux juges lieu des lois. On envoyait dans les provinces des juges militaires, sans connaissance et sans lettres, auxquels on ne donnait pas même d’assesseurs.