De la mort des persécuteurs de l’Église/Traité/12

XII.

On choisit, pour commencer la persécution, un jour propre et de bon augure (an 305)[1]. Ce fut la fête des Terminales, comme si ce jour eût dû servir de terme à la religion chrétienne. C’est l’époque fatale des malheurs qui arrivèrent aux empereurs et à l’univers. Enfin, sous le huitième consulat de Dioclétien et le septième de Maximien Hercule, au point du jour de la fête des Terminales, les soldats avec leurs commandants, les tribuns et les officiers du fisc vinrent à l’église ; puis, après en avoir enfoncé les portes, ils cherchèrent l’idole du dieu[2]. On trouve les saintes Écritures que l’on brûle. Tout est au pillage, les uns volent, les autres s’agitent ; ceux-ci courent çà et là. Dioclétien et Galère considéraient tout ce désordre, car l’église étant sur une éminence, on la voyait du palais. Ils délibérèrent longtemps entre eux s’ils feraient mettre le feu à cet édifice sacré. L’avis de Dioclétien, qui était pour la négative, prévalut ; il craignait que l’embrasement ne se communiquât aux maisons voisines de l’église, et qu’ainsi une grande partie de la ville ne fût brûlée. Les prétoriens accouraient avec des haches et d’autres ferrements, et en peu d’heures le temple, quoique fort haut, fut détruit et rasé jusqu’aux fondements.

  1. le sept avant les calendes de mars (le 23 février.)
  2. Les païens croyaient que les chrétiens avaient des idoles comme eux, et qu’il ne pouvait y avoir de temple sans cela.