De la mort des persécuteurs de l’Église/Dissertation/2.8
8. persécutions sous antonin et caracalla.
Elle ne finit pas, toutefois, avec sa vie, du moins dans quelques provinces de l’empire, s’il est vrai que l’avis de Tertullien à Scapula ait été écrit après la mort de cet empereur. Et certes, il y parle en des termes qui font présumer que, non-seulement Sévère, mais aussi Caracalla son fils ne régnaient déjà plus. « Le père[1] d’Antonin, dit-il au chap. 4, a eu quelque considération pour les chrétiens… » Et plus bas : « Sévère apprenant que quelques personnes de qualité faisaient profession du christianisme, il ne leur fit aucun mauvais traitement… » Et auparavant il avait fait mention du proconsul Asper, que Dodwel lui-même avoue en avoir exercé la charge en Afrique, sous l’empire de Caracalla. Voici donc comme Tertullien parle, dans cet ouvrage, de la persécution qui paraissait être alors fort échauffée : « On ne nous voit point trembler à la vue des tourments, parce que nous n’avons embrassé la religion que nous professons, qu’à condition que nous serions toujours prêts à combattre contre vos injustes violences ; c’est un engagement que nous avons pris en nous faisant chrétiens… En effet, votre cruauté et notre patience se disputent tour à tour la victoire… » On apprend du même auteur que la persécution se faisait aussi sentir dans les autres provinces, mais moins vivement qu’en Afrique ; car on se contentait là d’égorger les chrétiens, et ici on les brûlait tout vifs. Et qu’on ne nous objecte pas que Caracalla, nourri d’un lait chrétien, comme parle Tertullien, n’avait garde de s’élever contre une religion qu’il avait sucée avec cette première nourriture. Car, outre que ce prince pouvait bien n’avoir aucune part à toutes les violences qu’on exerçait alors, c’est qu’on ne se persuadera jamais que le plus infame de tous les hommes, et dont les mœurs étaient si éloignées de la pureté de celles des chrétiens, leur ait été favorable en considération de leur religion.
- ↑ Sévère.