De la mort des persécuteurs de l’Église/Dissertation/1.7
7. réponse a une objection particulière de dodwel.
Je ne vois pas au reste ce que peut prétendre Dodwel, lorsqu’il nous dit que si l’on mettait à part les homélies qui sont certainement des Pères, d’avec celles qui sont supposées, il resterait peu de martyrs dont on célébrât la fète ; je ne vois pas, dis-je, l’avantage qu’il peut tirer de cette proposition, à moins qu’il ne prouve en même temps deux choses : l’une, que nous avons toutes les homélies des Pères sur le sujet des martyrs ; l’autre, qu’il n’y a jamais eu de fête de martyrs, sans qu’elle ait été accompagnée d’une homélie. Certes, avec cet argument Dodwel va d’un seul trait effacer plus de la moitié du calendrier de Buchérius. L’illustre vierge et la généreuse martyre Eugénie était révérée de toute la terre, au siècle et au témoignage de saint Avit, évêque de Vienne : cependant nous ne trouvons aucune homélie prononcée à son honneur ; nous n’en trouvons aucune pour sainte Técle, qui la première parmi les femmes, a levé l’étendard du martyre, ni pour saint Sixte, pape. On n’a pas laissé de mettre dans ce recueil des homélies des Pères, dont on a tiré les noms et les actes de quelques martyrs, et l’on a négligé d’y en mettre d’autres qui ne peuvent tout au plus nous apprendre que leur nom, comme le sermon de saint Chrysostome[1], où il parle de saint Bassus, évêque et martyr, et l’homélie de saint Pierre Chrysologue pour saint Apollinaire, premier évêque de Ravenne. Les autres ouvrages des Pères ne sont pas moins que leurs homélies, remplis de ces sacrés monuments de la gloire des martyrs. Il y en a un dans saint Clément d’Alexandrie, à la gloire de saint Pierre, le prince des apôtres : saint Basile-le-Grand, dans son livre de la divinité du Saint-Esprit, loue saint Athénogène ; saint Grégoire de Nazianze fait l’éloge de saint Oreste, dans une de ses oraisons ; saint Jérôme donne une place honorable parmi les Pères et les martyrs de l’Église à Méthodius, évêque d’Olympe, et ensuite de Tyr, et à Victorin, de Pétave : saint Nil, disciple de saint Chrysostome, a consacré dans ses écrits la mémoire de saint Platon, martyr, et de saint Onésime, élève de saint Paul. Et enfin saint Augustin a donné des louanges à la jeunesse de Némésien[2], pour avoir répandu son sang innocent pour Jésus-Christ, aussi bien qu’à Salvius, à Catulien et Agilée, dont ce saint orateur a rendu le nom immortel par son éloquence. Ajoutez Papias, martyr de Philadelphie ; Mercure et Aquilina, nommés avec honneur dans la chronique pascale ; Mocius, loué par Sozomène[3] ; Acace, par Socrate ; Euphrosine, par saint Avit de Vienne ; Péregrin premier évêque d’Auxerre, par l’auteur de la vie de saint Germain, son successeur ; Timothée, Thea et Maure, martyrs de Gaze, dans la vie de saint Porphire ; Saturnin, martyr de Sardaigne, dans la vie de saint Fulgence, Polieucte, Ménas et trente-trois autres martyrs, dans la vie de saint Euthyme, et Janvier, évêque de Naples, dans l’oraison funèbre de saint Paulin. Ajoutez encore à tant de saints martyrs la famille entière des Cantiens, martyrs d’Aquilée, dont Fortunat a chanté la victoire ; Sirus de Gênes, Eutiche de Férentino, Procule, Sabin, Érasme, Césaire, Marthe, Julienne, et le fameux saint Christophe, dont les actes sont si défectueux, tous préconisés par saint Grégoire-le-Grand, et tant d’autres enfin, dont les noms se lisent dans les auteurs ecclésiastiques, et que nous sommes contraints d’omettre pour passer à d’autres preuves.