De la mort des persécuteurs de l’Église/Dissertation/1.10
10. réponse a une objection de dodwel, tirée d’eusèbe.
Eusèbe, comme nous l’avons déjà remarqué, avait recueilli dans deux ouvrages différents, les noms de tous les martyrs qui avaient pu venir à sa connaissance : le premier de ces recueils comprenait les martyrs anciens ; et le second, les martyrs qui de son temps avaient souffert dans la Palestine. Nous donnerons celui-ci tout entier, et lorsque nous y aurons joint ce que le même auteur rapporte ailleurs de la même persécution, le lecteur pourra juger si Dodwel peut avec justice prétendre d’avoir Eusèbe dans son parti. À l’égard du premier recueil, qui ne se trouve plus depuis plusieurs siècles, Dodwel nous dit d’un ton affirmatif que par l’histoire même d’Eusèbe on doit conclure qu’il ne contenait qu’un très-petit nombre de martyrs. Il nous aurait fait plaisir de produire ces passages prétendus de l’histoire ecclésiastique, puisqu’il est constant, par divers endroits de cette histoire, que son auteur a reconnu une infinité de martyrs, quoiqu’en effet il n’en ait nommé que très-peu. Nous ne chercherons point d’autres interprètes de la pensée d’Eusèbe, qu’Eusèbe même[1]. Il dit donc que, durant la persécution de Trajan, plusieurs fidèles soutinrent généreusement le combat, quoiqu’ils se vissent attaqués de tous côtés par divers tourments. Il assure que, sous Antonin, la constance d’une infinité de martyrs se fit admirer de tout l’univers. Il décrit la persécution que Sévère alluma, pendant laquelle on vit d’illustres athlètes combattre pour la piété et pour la foi, dans toutes les Églises du monde. Il parle dans les mêmes termes des persécutions de Dèce et de Valérien.
Pour ce qui regarde Prudence, l’on ne peut pas dire qu’il favorise le moins du monde Dodwel, si l’on ne nous fait voir que ce prince des poètes chrétiens s’est engagé à chanter dans ses vers tous les martyrs qui furent jamais. Il fait l’éloge de plusieurs, il ne dit rien aussi de plusieurs ; mais il est étonnant que sa muse ne lui ait rien inspiré pour l’illustre Léocadie, dans l’Église de laquelle fut tenu le quatrième concile de Tolède.
- ↑ Lib. 3, c. 33. L. 5, initio. L. 6, c. 2.