De la Présence et de l’Action du Saint-Esprit dans l’Église/Chapitre 22


J. Marc Aurel, Imprimeur-libraire (p. 176-178).

CHAPITRE XXII.

DU CHAPITRE XXIIe DE M. WOLFF, INTITULÉ : « L’HISTOIRE DES SECTES QUI ONT ALTÉRÉ LE MINISTÈRE. »

Je ne tiens pas à relever l’histoire des sectes. Les papistes pourraient en grossir la liste, et démontrer que les protestants, avec un ministère, sont tombés dans le socinianisme, la néologie et toutes sortes de divisions et d’erreurs.

Mais, si ceux qui n’ont pas eu un ministère (ce qui d’ailleurs n’était pas le cas de quelques-uns des exemples présentés par M. Wolff), ont disparu, ceux qui en ont un, en échange sont demeurés, et demeurés jusqu’à ce jour ; et depuis des siècles, les ministres établis ont enseigné aux masses les erreurs, les hérésies, les superstitions, les blasphèmes, l’incrédulité, la propre justice, et tenu les masses loin de Dieu de toutes leurs forces ; heureux si quelqu’un, armé pour le martyre, osait aller, quand même il n’était pas envoyé par l’homme, ramener ces âmes de dessous le ministère qui les perdait ! Je ne crois pas que les partisans du ministère sans dons gagnent beaucoup en faisant la comparaison du mal qu’ont fait ceux qui rejettent un ministère d’hommes, et du mal qu’ont fait ceux qui le veulent et l’adoptent. Où l’Esprit de Dieu agit, il y aura du bien. Où il n’agit pas, tout arrangement ecclésiastique possible n’empêchera pas l’invasion du mal.

M. Wolff admet que les montanistes qui recevaient un ministère ont introduit le despotisme clérical et plusieurs erreurs de doctrine. Les frères de Rhynsbourg se sont séparés sur un point de doctrine.

J’ai déjà fait la remarque que M. Wolff s’est entièrement trompé sur les Quakers. M. Gurney lui-même est un innovateur parmi les Quakers, et jugé tel par les conservateurs, épithète qui désigne les vieux Quakers. Voici la doctrine des Quakers.

Le Saint-Esprit est dans tous les hommes sans exception. S’ils écoutent sa voix, ils sont justifiés peu à peu. Les Quakers rejettent la justification par la foi ; un très-grand nombre rejettent même la résurrection du corps. Ils rejettent les sacrements. Ils ont un ministère reconnu et des anciens. Ils préfèrent leur lumière intérieure à la Parole écrite : ils ne veulent absolument pas que les Écritures soient appelées la Parole de Dieu, et ne reçoivent, comme venant de Dieu, que ce qui leur en aura été appliqué. Il y a eu dernièrement un réveil parmi eux, et plusieurs ont des vues plus saines, plusieurs même ont quitté la société. Les anciens sont nommés et établis ; ils ont un banc élevé en face de tous les autres ; et nulle part ailleurs il ne s’exerce une autorité plus complète. Les membres des troupeaux en ont une frayeur extraordinaire. Sous bien des rapports, il n’y a pas plus d’autorité chez les catholiques romains eux-mêmes. Quant aux habitudes pratiques, les Quakers ont plusieurs choses très estimables. Je ne crois pas avoir représenté leur système à faux, car j’ai connu, aimé et respecté très-sincèrement plusieurs d’entre eux.

Il serait difficile de trouver entre deux corps un contraste plus complet qu’entre les Quakers et « les frères dits de Plymouth, » si l’on en excepte le fait qu’ils croient que le ministère est du Saint-Esprit ; mais en cela même, ils agissent tout-à-fait différemment.

Quand M. Wolff prétend dire que les frères ont apporté des modifications dans les sacrements, il aurait mieux fait de dire quelles elles sont ; c’est ce qu’il n’a pas osé faire. Une accusation de l’avoir fait, sans signaler même en quoi ils l’ont fait, démontre simplement une mauvaise volonté à leur égard.

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