De la Présence et de l’Action du Saint-Esprit dans l’Église/Chapitre 1


CHAPITRE I.

DE L’INTRODUCTION DE LA BROCHURE DE M. WOLFF. — OÙ IL AFFIRME, TOUT EN NIANT LA CONTINUATION DES DONS, VOULOIR DÉFENDRE LE MINISTÈRE CONTRE LES COUPS QU’ON LUI A PORTÉS, ET CONTRE LES MODIFICATIONS DE TOUT GENRE QU’ON LUI A VOULU FAIRE SUBIR.

Dans l’introduction, l’auteur déclare que son objet est de défendre l’état primitif du ministère contre les modifications de tout genre qu’on a voulu lui faire subir. Souvenons-nous qu’en même temps l’auteur affirme que tous les dons ont absolument cessé d’exister. Voilà déjà ce qui est un peu fort.

Le ministère existe absolument sans modification ; mais tous les dons ont cessé d’exister. Comment donc le ministère put-il subsister sans modification ? Au temps des apôtres aussi bien qu’à présent les dons n’entraient pour rien dans le ministère.

Prenons la liste de dons préférée par M. Wolff lui-même, celle qui est donnée dans le chapitre XII, 28 de la première Épître aux Corinthiens. « Dieu a placé dans l’Église, premièrement des apôtres, secondement des prophètes, en troisième lieu des docteurs, ensuite des actes de puissance ; puis des grâces de guérisons, des secours, des administrations, diverses sortes de langues. »

Cette liste nomme des apôtres, des prophètes, des docteurs, des gouverneurs. Voilà évidemment des dons (χαρισματα), tout cela donc n’entrait pas du tout dans le ministère. Le prophète pouvait édifier, consoler, exhorter ; mais ce n’était pas un ministère. Que nous dit la parole de Dieu ? Nous y voyons que Dieu avait établi Paul dans le Ministère 1 Tim. I, 12 ; et Paul dit de lui-même. Qui donc est Paul ? « sinon ministre » 1 Cor. III, 5. Il se rendait recommandable à Dieu en toute chose comme ministre, 2 Cor. VI, 4. S’il a été fait ministre de l’Évangile, selon le don, dit-il, de la grâce de Dieu qui m’a été donnée suivant l’efficace de sa puissance, Éph. III, 7, malgré tout cela, selon ce système, Paul, comme apôtre, n’était pas ministre de la parole. Au contraire « c’est, dit M. Wolff, p. 68, parce que son ministère n’était pas un don du Saint-Esprit qu’il était ambassadeur de Christ. »

Que son ministère fût l’exercice de son don en responsabilité à Christ et non pas le don lui-même, c’est ce qui se comprend ; mais on aura, je pense, quelque peine à croire qu’en tout ce que l’apôtre dit de son ministère dans les passages cités, et en tant d’autres encore, il ne parle jamais de son apostolat et que celui-ci soit une chose tout à fait distincte ; il parlait de son ministère et non pas de son œuvre comme apôtre. Comprenez-vous cela, lecteurs ? Il n’y avait aucun rapport entre son ministère et son apostolat ; tellement que l’apostolat étant un don du Saint-Esprit ne pouvait pas être un ministère. Que les ministres de satan soient de faux apôtres (2 Cor. XI, 13, 15.), c’est égal, les vrais apôtres ne sont pas ministres de Christ ; il n’existe aucun rapport entre l’apostolat et le ministère.

L’auteur insiste, pag. 67, sur le mot, don, déclare impossible qu’il soit uni à l’idée du Ministère, et base ses raisonnements là-dessus. Dans le passage cité ci-dessus, il y a χαρις (grâce) et non pas χαρισμα (don), mot sur lequel l’auteur insiste, pag. 70. Mais en I Pierre, IV, 10, nous lisons : « Que chacun selon le don (χαρισμα) qu’il a reçu, l’emploie pour le service des autres, » littéralement : qu’il exerce son ministère (διαϰονοῦντες) comme bon dispensateur de la grâce variée (χαρις) de Dieu. Dans l’épitre aux Romains, chap. 12, le ministère (διαϰονια) quand même on alléguerait que ce fut celui des tables, est appelé un don, (χαρισμα) selon la grâce (χαρις) donnée.

Dans la seconde aux Corinthiens, III, 7, il est si loin d’être vrai que la parole sépare le ministère, comme étant de Christ, des dons, comme étant du Saint-Esprit, que le ministère de l’Évangile y est appelé : le ministère du Saint-Esprit. Dans les Actes I, 17, l’apostolat est appelé : « ce Ministère. » Il en est de même au verset 25, où il est dit : « pour prendre part à ce ministère et apostolat. »

On objectera ici que le don d’apôtre n’était pas encore donné : c’est vrai ; le don était nécessaire pour l’accomplissement du Ministère. Mais l’apostolat qui est appelé Ministère ici, est appelé don (χαρισμα) 1 Cor. 12 ; de sorte que la distinction de don et de Ministère est complètement fausse ; à moins que l’auteur ne veuille que les apôtres exerçassent leur apostolat ou ministère sans don, en présence des paroles du Seigneur, qui leur a dit de rester à Jérusalem jusqu’à ce qu’ils fussent revêtus de la puissance d’en haut, c’est-à-dire, des dons pour ce ministère. Voyez aussi Actes VI, 2, 4 ; XX, 24 ; XXI, 19, etc. Rom. XI, 13, où Paul dit : « Je parle à vous, Gentils, je rends honorable mon ministère. » Voyez 2 Cor. IV, V, VI, et 1 Cor. IV.

Après ces citations, on n’a qu’à laisser à la confusion qu’elle mérite, la théorie qui pour justifier un ministère sans don a voulu affirmer que le ministère n’a subi aucune modification et nier tout rapport entre les dons et le Ministère du temps même des apôtres. Dans le cas des apôtres eux-mêmes, nous avons vu que cela est complètement faux, et qu’au lieu qu’il soit vrai que le ministre ne pouvait pas être ambassadeur de Christ si son ministère était un don du Saint-Esprit, et que le Ministère s’exerçait sans don, la parole affirme au contraire que l’apostolat était un don (χαρισμα) et un Ministère [1] ; et que les apôtres ne pouvaient pas être ambassadeurs de Christ, c’est-à-dire, exercer leur ministère jusqu’à ce qu’ils fussent doués de la puissance d’en haut, c’est-à-dire, qu’ils eussent reçu le Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, ce que M. Wolff appelle lui-même d’une manière distinctive : les dons. Nous avons vu en même temps que saint Pierre étend ce principe à tout don quelconque, et que chacun, selon le don qu’il a reçu, doit exercer son ministère. M. Wolff applique ce pas sage à ce qui était proprement appelé don (p. 73).

Nous avons un peu anticipé, mais c’est au fond le sujet tout entier. Nous avons été conduit à ce point par l’introduction elle-même. L’auteur y déclare que sa tâche est de montrer que le ministère n’a subi aucune modification ; et son système, pour le démontrer, est que le ministère s’exerce sans don et qu’il n’y a aucun rapport entre les dons et le ministère.


Du premier chapitre de M. Wolff, intitulé : Sacerdoce et Ministère.

Je dirai peu de chose sur ce chapitre. Il n’est pas vrai que dans l’une et l’autre alliance le titre de sacrificateur soit donné à tous les fidèles. Il est singulier que l’opposition à la lumière se montre toujours unie au désir de rabaisser les privilèges distinctifs du christianisme. La nation d’Israël était appelée un royaume de sacrificateurs à cause de sa proximité de Dieu comme nation, mais sans distinguer les fidèles et les infidèles ; tandis que dans l’alliance actuelle, les fidèles sont appelés sacrificateurs, à cause d’une proximité de Dieu dans les lieux célestes, proximité infiniment au-dessus de ce qui appartenait aux juifs et même de ce qui leur appartiendra pendant le millénium.

Quand au mot ministère, (διαϰονια) ce que M. Wolff en dit est entièrement inexact, c’est un échantillon de la manière dont on se sert de la Parole dans cette brochure.

Premièrement, quand il dit que ce mot se trouve employé en deux sens distincts : d’une manière générale pour tout ce qui est ministère extérieur, administration, etc. ; puis d’une manière spéciale pour désigner un service spécial ; et lorsqu’il dit ensuite que « quand ce terme se trouve employé d’une manière absolue, il désigne toujours le ministère de la parole ; » (διαϰονια του λογου) tout cela est faux quoique commode pour le but qu’il se propose. Que veut-il dire par là : d’une manière spéciale et absolue en même temps ? Et si ce n’est pas son intention de placer l’emploi absolu sous la catégorie de spécial ; alors absolu et général deviennent la même chose ; et la contradiction est flagrante. Car comment se peut-il, comme le dit M. Wolff, que, quand il est employé d’une manière spéciale, il soit appelé ministère de la parole ; si toutes les fois qu’il est employé d’une manière absolue il signifie ministère de la parole ? Il est évident que l’une de ces phrases contredit l’autre ; l’une dit que, dans ce sens spécial, il est appelé ministère de la parole ; l’autre qu’il a ce sens quand il n’est pas appelé ainsi, le fait est que : ministère de la parole (διαϰονια του λογου) ne se trouve qu’une seule fois. Et que, dans ce cas là, il est mis en contraste avec l’emploi absolu du mot dans le sens du service des tables. Actes VI, 1-5. Tout ceci prouve que M. Wolff ne pense qu’à son système et pas du tout à l’emploi du mot dans la Bible, sauf pour en cueillir ce qui peut lui aller si l’on ne prend pas la peine d’examiner les choses pour soi-même.

Le mot διαϰονος est assez simple : c’est un domestique, un serviteur quelconque qui n’était pas proprement esclave ; διαϰονος un service quelconque. Il était naturel d’employer ce mot en parlant du service évangélique : mais le mot est employé dans le Nouveau Testament comme ailleurs, pour signifier service ; ce service pouvait être le ministère ou service de la parole, des tables, des anges, ou tout autre quelconque. Le mot est employé d’une manière absolue au sujet du service des anges. Héb. I, 14. En Tim. IV, 11, Marc m’est fort utile pour le ministère ; il ne paraît pas qu’il s’agisse simplement du ministère de la parole ; nous voyons l’emploi de ce mot διαϰονος par rapport à Marc ; lors que Paul et Barnabas sont partis d’Antioche, ils avaient Marc pour ministre ; ce n’était pas pour leur prêcher, je pense. Peut-être avait-il acquis plus tard un bon degré dans le Ministère, un service plus honorable dans la famille. Quand Paul dit, 2 Cor. XI, 8, qu’il a pris des gages des autres églises pour leur service, il est évident que c’est dans un sens figuré tout absolu qu’il soit, et non pas ministère de la parole, comme tel. Il avait été serviteur des Corinthiens et d’autres avaient payé ses gages. En Rom. XII, 7, nous avons le mot employé d’une manière absolue à côté et comme distingué de divers Ministères de la Parole ; en I Cor. XII, 6, il est employé pour tous les services quelconques rendus à Christ. La seule fois qu’il est employé avec l’expression : la Parole, il a sa signification ordinaire modifiée par le mot Parole comme par tout autre. « Ce service s’occupait de cela » en contraste avec un service des tables. Mais le service des tables était autant un service spécial que celui de la Parole ; seulement évidemment moins élevé dans l’administration de la famille ; et le fait est que la seule fois que cette expression ministère de la Parole se trouve, le mot Ministère est employé d’une manière absolue (Act. VI, 1) pour signifier service des tables ; et il est ainsi expliqué, vers. 2, puis au vers. 4 le ministère de la Parole est mis en contraste ; mais, il est ajouté, de la Parole, et ainsi ce mot n’est pas employé d’une manière absolue par rapport à la Parole, mais bien par rapport aux tables.

Il me paraît que c’est limiter la chose comme la Parole ne la limite pas, que de vouloir borner l’œuvre du ministère au ministère de la Parole ; par exemple, Éph. IV, 12. Au reste c’est affirmer ce qu’il faudrait démontrer. Dans tous les cas, dans la plupart des passages, il n’en est pas ainsi, comme nous venons de le voir. Les anges n’ont pas le ministère de la Parole ; et le Ministère est mis en contraste avec celui de la Parole : Act. VI, 1-5. Le fait est que ce que M. Wolff dit là-dessus est absolument faux et contraire à l’emploi ordinaire et connu de ce mot dans la parole et hors de la parole ; si nous faisons attention à l’emploi du mot διαϰονος, ministre, celui qui fait la διαϰονια, service, cela ressortira avec plus d’évidence encore. Pour le mot διαϰονος employé d’une manière absolue, l’on peut consulter Jean II, 5, 9. Math. XXII, 13, XX, 26, XXIII, 11, et les passages parallèles Jean XII, 26. Cette idée de serviteur se modifie naturellement, (comme le mot de service διαϰονια ; voyez 2 Corinth. III) selon la personne dont on est le serviteur ou le service que l’on accomplit, l’on peut être ministre de Dieu, II Cor. VI, 4, de l’évangile. Éph. III, 7. Col. I, 23, et de l’Eglise v. 25, etc. Le mot pris dans son emploi général prend son acception générale de serviteur, Rom. XVI, (et ainsi Phil. I, 1.) I Tim. III, 8, 12 ; en résumé le mot διαϰονια a le sens général de service et se modifie dans son application par des mots que l’on y ajoute : de la parole, Act. VI ; de la mort, de la justice, de l’esprit, 2 Cor. III. Il n’y a pas un passage qui montre que le sens absolu veuille dire ministère de la Parole ; mais bien le contraire.

Séparateur

  1. Oui, l’apostolat était un don et un ministère, et cela, faut-il le dire, selon M. Wolff lui-même (car ses contradictions sont un peu humiliantes). M. Wolff donne le passage I Cor. XII comme une liste de dons qui exclut le Ministère, et l’apôtre et le prophète se trouvent dans cette liste. Il donne Éph. IV comme une liste de ministères, et l’apôtre et le prophète s’y trouvent aussi. (Brochure Wolff, p. 14 et 58 ; p. 71, n° 5.)