De l’Imitation de Jésus-Christ (Brignon)/Livre 3/28

Traduction par Jean Brignon.
Bruyset (p. 194-195).


CHAPITRE XXVIII.
Qu’il ne faut point craindre la médisance.
Le Maître.

Mon fils, si l’on a mauvaise opinion de vous, & qu’on vous dise des choses facheuses, souffrez tout cela sans vous émouvoir.

Car il faut que vous ayez pour vous-même moins d’estime que personne, & que vous croyez fermement qu’il n’y a point d’homme sur la terre plus foible que vous.

Si vous êres vraiment interieur, vous mépriserez des paroles, qui ne sont pas plûtôt dites, qu’elles se perdent en l’air.

Il est de la discretion de se taire, lorsque l’on est maltraité, & de recourir interieurement à moi, sans se soucier des vains jugemens des hommes.

Ne faites jamais dépendre la paix de vôtre ame, des discours du monde ; car qu’on interpréte en bien ou en mal vos actions & vos desseins, cela ne produit en vous aucun changement, vous êtes toûjours le même.

Où est la vraye paix, où est la vraye gloire ? n’est-ce pas en moi qu’on les trouve ?

Pour être toûjours tranquille, il ne faut ni desirer de plaire aux hommes, ni craindre de leur déplaire.

L’amour déreglé, & la vaine crainte, sont les sources des inquietudes du cœur, & de la dissipation des sens.