De feuilles mortes le bassin s’ambre et s’étoupe

Les Perles rouges : 93 sonnets historiquesBibliothèque-Charpentier (p. 32-33).


XVI


De feuilles mortes le bassin s’ambre et s’étoupe :
Chaque vase de marbre en est plein jusqu’aux bords.
Ce ne sont que des escarboucles, et des ors,
Qui débordent à flots du col et de la coupe.

D’une fourrure mauve elles vêtent un groupe
De Tritons à genoux dans un geste bistors,
Qui surveillent la flotte où ces feuillages morts
Ont le vent de l’automne en leur minime poupe.


Dépouilles de métal, de cuir, de zinzolin,
Qui zèbrent le carrare et le sarancolin,
De leur agonisante et pompeuse cohorte.

Et la connexité de tant d’efforts royaux
Aboutit à ne ceindre aucuns plus clairs joyaux
Que celui que l’hiver fait d’une feuille morte.