Dans la rue (Bruant)/Les Petits Joyeux

Aristide Bruant (Volume IIp. 37-43).


LES PETITS JOYEUX



\relative c'' {
  \clef treble
  \key g \major
  \time 2/4
\partial 4 d16^\markup { Sonnerie } b g b
  \bar "||" \mark \markup { \musicglyph #"scripts.segno" }
  d4 d16 b g b | d4 d16 b g b | d b g b d8 d | b g d'16 b g b
d4 d16 b g b | d4 d16 b g b | d b g b d8 d
  \time 4/4
  b4\fermata r8 
  \bar "||"
  \set Staff.midiInstrument = #"piccolo"
  \autoBeamOff
  \tempo "Mouvement de marche"
  g8 g g g g
g d g a b4. b8 | b4 (g8) b b b b b 
d b g b d4. g,8 | a4 r8 g g g g g 
g d g a b4. b8 | b4 (g8) b cis d cis b
a gis a b cis4. a8
  \time 2/4
  d4\fermata g,8^\markup { REFRAIN } d | g4 d g b8 g
b4 g | b r | d8 d d d | d b g b | d4 d,
b'8\fermata (g) g d | g4 d | g b8 g | b4 g | b r
d8 d d d | d b g b | d4 d, | g r
    \bar "|." \mark \markup { \musicglyph #"scripts.segno" }
}

\addlyrics {
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C’est nous les p’tits mar -- lous qu’on ren -- cont’ su’ les "but - tes,"
Là oùs -- que le pier -- rot au prin -- temps fait son nid.
Là oùs -- que dans l’é -- té nous fai -- sons des cul -- "bu - tes,"
A -- vec les p’tit’s mar -- mit’s que l’bon Dieu nous four -- nit. 
C’est nous les joy -- eux, 
Les pe -- tits joy -- eux,
Les pe -- tits mar -- lous qui n’ont pas froid aux châsses, 
C’est nous les joy -- eux, 
Les pe -- tits joy -- eux,
Les pe -- tits mar -- lous qui n’ont pas froid aux yeux. 
}

\layout {
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    \Score
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  }
}


C’est nous les p’tits marlous qu’on rencont’ su’ les buttes,
Là oùsque le pierrot au printemps fait son nid ;
Là oùsque dans l’été nous faisons des culbutes,
Avec les p’tit’s marmit’s que l’bon Dieu nous fournit.

                    C’est nous les joyeux,
                    Les petits joyeux,
    Les petits marlous qui n’ont pas froid aux yeux.


C’est nous qu’on voit passer avec des nœuds d’cravate,
Des bleus, des blancs, des roug’ et des couleur cocu ;
Et si nos p’tit’s gonzess’s traîn’ un peu la savate,
Nous avons des pantoufl’s pour leur-z-y fout’ dans l’cul.

                    C’est nous les joyeux,
                    Les petits joyeux,
    Les petits marlous qui n’ont pas froid aux yeux.



Su’ l’boul’vard estérieur nous faisons not’ mariolle,
Et pis l’soir quand les rosses d’bourgeois sont couchés,
Nous chauffons les morlingu’ aux bons passants en riolle,
Pendant qu’nos p’tit’s marmit’s vid’nt les bours’s des michés.

                    C’est nous les joyeux,
                    Les petits joyeux,
    Les petits marlous qui n’ont pas froid aux yeux.



S’i’ veut ben s’laisser faire, on fait pas d’mal au pantre,
Mais quand i’ veut r’ssauter ou ben fair’ du potin,
On y fout gentiment un p’tit coup d’lingu’ dans l’ventre,
Pour yapprendre à gueuler à deux heur’s du matin.

                    C’est nous les joyeux,
                    Les petits joyeux,
    Les petits marlous qui n’ont pas froid aux yeux.


Quand faut aller servir c’tte bon Dieu d’République
Où qu’tout l’monde est soldat, malgré son consent’ment,
On nous envoi’ grossir les bataillons d’Afrique,
À caus’ que les marlous aim’nt pas l’gouvernement.

                    C’est nous les joyeux,
                    Les petits joyeux,
    Les petits marlous qui n’ont pas froid aux yeux.



Un coup qu’on est-là-bas on fait l’peinard tout d’suite,
On fait pus d’rouspétance, on s’tient clos, on s’tient coi ;
Yen a mêm’ qui finiss’nt par ach’ter eun’ conduite
Et qui d’vienn’ honnête homm’ sans trop savoir pourquoi.

                    C’est nous les joyeux,
                    Les petits joyeux,
    Les petits marlous qui n’ont pas froid aux yeux.