Dans la rue (Bruant)/Les Braves Gens

Ernest Flammarion (Volume IIIp. 149-153).


LES BRAVES GENS


Qu’ils soient ou de rue ou de race,
D’appartements ou de jardins,
Chiens de berger ou chiens de chasse,
Ou culs terreux ou citadins,
Les chiens sont fidèles au maître,
Et, bien qu’ils soient intelligents,
Jamais l’un d’entre eux ne fut traître…
Tous les chiens sont de braves gens.


Tous… Et surtout les quatre pattes,
Les clebs qui ne sont jamais pris,
Qui vont sans maître… sans pénates…
Et, chiens libres dans leur Paris,
Y trouvent le gîte et la soupe…
Ils sont voyous… intransigeants…
Mais ils marchent avec la troupe…
Tous les chiens sont de braves gens.


De braves gens, de bonnes bêtes
Qu’une caresse rend joyeux,
Et dont les grands yeux bien honnêtes
Vous regardent droit dans les yeux ;
Qui, souvent, partagent leur niche
Avec les petits indigents,
Comme Toutou, le bon caniche…
Tous les chiens sont de braves gens.

Chiens de Paris, chiens de province,
Chiens de riches… de purotains,
Chiens de manants ou chiens de prince,
Chiens de bigotes… de putains,
Chiens errants ou chiens à l’attache,
Et vous, courageux chiens d’agents
Qui faites la chasse à l’apache…
Vous êtes, tous, de braves gens !