Dans la rue (Bruant)/La Noire
LA NOIRE
À mon Régiment, le 113e de ligne.
V’là l’ cent-treizièm’ qui passe,
Bon Dieu ! Quel Régiment !… »
La Noire est fille du canton
Qui se fout du qu’en dira-t-on.
Nous nous foutons de ses vertus,
Puisqu’elle a les tétons pointus.
Voilà pourquoi nous la chantons :
Vive la Noire et ses tétons !
Elle a deux sourcils et deux yeux
Qui sont plus noirs que ses cheveux,
Dans les yeux brille un éclair blanc
Qui vous fait pétiller le sang !
Voilà pourquoi nous la chantons :
Vive la Noire et ses tétons !
Son haleine, comme sa peau,
A des senteurs de fruit nouveau.
Quand on aspire, entre ses dents,
On croit respirer du printemps.
Voilà pourquoi nous la chantons :
Vive la Noire et ses tétons !
La Noire n’a qu’un seul amant
Qui s’appelle le Régiment.
Et le Régiment le sait bien,
La Noire a remplacé le chien…
Voilà pourquoi nous la chantons :
Vive la Noire et ses tétons !
Frères, jurons, sur ses appas,
Que Bismarck n’y touchera pas.
Pour elle, à l’ombre du Drapeau,
Nous nous ferons crever la peau.
Voilà pourquoi nous la chantons
Vive la Noire et ses tétons !