Aristide Bruant (Volume Ip. np-201).


LÉZARD

On prend des magnièr’ à quinze ans,
        Pis on grandit sans
            Qu’on les perde :
Ainsi, moi, j’aim’ ben roupiller
        J’ peux pas travailler,
            Ça m’emmerde.
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J’en foutrai jamai’ eun’ secousse,
        Mêm’ pas dans la rousse
            Ni dans rien.
Pendant que l’soir ej’ fais ma frape,
        Ma sœur tait la r’tape
            Et c’est bien :


Alle a pus d’ daron, pus d’ daronne,
        Alle a pus personne,
            Alle a qu’ moi.
Au lieu d’ sout’nir ses père et mère,
        A soutient son frère,
            Et pis, quoi ?


Son maquet, c’est mon camarade,
        I’ veut ben que j’ fade
            Avec eux.
Aussi j’ l’aim’, mon beau-frère Ernesse,
        Il est à la r’dresse
            Pour nous deux.


Ej’ m’occup’ jamais du ménage,
        Ej’ j’suis libe, ej’ nage
            Au dehors,
Ej’ vas sous les sapins, aux buttes,
        Là j’allong’ mes flûtes
            Et j’ m’endors.


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On prend des magnièr’ à quinze ans,
        Pis on grandit sans
            Qu’on les perde :
Ainsi, moi, j’aim’ ben roupiller,
        J’ peux pas travailler,
            Ça m’emmerde.