En ce temps-là, dans chaqu’ famille
On blanchissait de mère en fille ;
Maintenant on blanchit encor,
À la Goutt’-d’Or.
Elle était encor’ demoiselle
Grand’maman, la belle Isabelle,
Quand elle épousa l’grand Nestor,
À la Goutt’-d’Or.
Et maman Pauline était sage
Le jour qu’ell’ se mit en ménage,
Avec papa le p’tit Victor,
À la Goutt’-d’Or.
À c’tte époqu’-là tout’s les fillettes,
Les goss’lines, les gigolettes
S’ mariaient avec leur trésor,
À la Goutt’-d’Or.
A’s s’contentaient, l’jour de leur noce,
D’un’ petit’ toilett’ pas féroce
Et d’un’ jeannette en similor,
À la Goutt’-d’Or.
Leur fallait pas un mari pâle,
Mais un garçon d’lavoir… un mâle…
Bien râblé… même un peu butor,
À la Goutt’-d’Or.
Aujourd’hui faut à ces d’moiselles
Des machins avec des dentelles
Et des vrais bijoux en vrai or,
À la Goutt’-d’Or.
Leur faut des jeun’ homm’ en casquettes,
Des rouquins qu’ont des rouflaquettes,
Collé’s sur un’têt’ d’hareng saur,
À la Goutt’-d’Or.
Et v’là pourquoi tout’s les fillettes,
Les goss’lines, les gigolettes
S’marient pus avec leur trésor,
À la Goutt’-d’Or.
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