Déclaration sur l’espérantisme du 9 août 1905

L’Espérantisteannée 8, numéro 8 (p. 9-10).

Déclaration. — Un des actes les plus importants du Congrès, suivant l’avis du Dr Zamenhof, devait être l’adoption d’une déclaration fondamentale pour tous les Espérantistes. L’assemblée a approuvé à l’unanimité le principe d’abord, puis, dans une seconde séance, les termes définitifs de cette déclaration, comme suit :

1o  L’espérantisme est l’effort fait pour répandre dans le monde entier l’usage d’une langue neutre, qui, ne « s’imposant pas dans la vie intérieure des peuples et n’ayant aucunement pour but de remplacer les langues existantes », donnerait aux hommes des diverses nations la possibilité de se comprendre entre eux, qui pourrait servir pour les institutions publiques dans les pays où se trouvent des rivalités de langues, et dans laquelle pourraient être publiés les ouvrages qui ont un égal intérêt pour tous les peuples. Toute autre idée que tel ou tel espérantiste pourrait lier à l’espérantisme est une affaire purement privée dont l’espérantisme n’a pas à répondre.

2o  Comme actuellement aucun chercheur au monde ne doute qu’une langue internationale ne peut être qu’une langue artificielle, et comme tous les essais depuis deux siècles n’ont présenté que des projets théoriques et que la seule langue effectivement terminée et s’étant montrée apte à toutes les relations est la langue Espéranto, les partisans de l’idée d’une langue internationale, ayant conscience qu’une dispute théorique n’aboutirait à rien, et que le but ne peut être atteint que par un travail pratique, se sont groupés depuis longtemps autour de la seule langue espéranto et travaillent pour sa diffusion et l’enrichissement de sa littérature.

3o  L’auteur de l’espéranto ayant dès le début et une fois pour toutes renoncé à tout droit et privilège personnels relatifs à cette langue, l’Espéranto n’est « la propriété de personne », ni au point de vue matériel ni au point de vue moral. Le Maître de la langue est le monde entier et chacun peut éditer en cette langue ou sur elle tous les ouvrages qu’il désire et l’employer pour tous les buts possibles.

4o  L’espéranto ne dépend d’aucun homme en particulier et qui aurait le droit de légiférer. Toutes les opinions et tous les ouvrages du créateur de l’espéranto, comme des autres espérantistes ont un caractère absolument privé. Le seul livre que tous les Espérantistes doivent reconnaître une fois pour toutes est le « Fundamento de Esperanto » dans lequel personne n’a le droit de faire même le plus petit changement. Les idées qui ne peuvent s’exprimer commodément à l’aide des matériaux qu’on y trouve peuvent être rendues par tout espérantiste de la manière qu’il trouve la plus juste, comme en toute autre langue. Mais, pour plus d’unité, il est recommandé à tous les espérantistes d’imiter le plus possible le style des ouvrages du créateur de l’espéranto.

5o  Est nommé espérantiste celui qui sait et emploie la langue espéranto, pour quelque but que ce soit. L’adhésion à une société espérantiste est recommandable, mais non obligatoire.