CHAPITRE VIII.
DES VARIABLES ET DES FONCTIONS IMAGINAIRES.
§ I. — Considérations générales sur les variables et les fonctions
imaginaires.
Lorsqu’on suppose variables les deux quantités réelles
ou au moins l’une d’entre elles, l’expression

est ce qu’on appelle une variable imaginaire. Si, de plus, la variable
converge vers la limite
et la variable
vers la limite 

sera la limite vers laquelle converge l’expression imaginaire

Lorsque les constantes ou variables comprises dans une fonction donnée, après avoir été considérées comme réelles, sont ensuite supposées imaginaires, la notation à l’aide de laquelle on exprimait la fonction dont il s’agit ne peut être conservée dans le calcul qu’en vertu de conventions nouvelles propres à fixer le sens de cette notation dans la dernière hypothèse. Ainsi, par exemple, en vertu des conventions établies dans le Chapitre précédent, les valeurs des notations

se trouvent complètement déterminées dans le cas où la constante
et la variable
deviennent imaginaires. Supposons, pour fixer les idées, que, la constante
restant réelle, la variable
reçoive la valeur imaginaire

exprimant deux quantités réelles qui peuvent être remplacées par le module
et l’arc réel
On conclura du Chapitre VII (§§ I et II) que les quatre notations

désignent respectivement les quatre expressions imaginaires




ou, en d’autres termes, les suivantes :


En général, on fixera sans difficulté, par le moyen des principes établis dans le Chapitre VII, les valeurs des expressions algébriques dans lesquelles plusieurs variables ou constantes imaginaires seraient liées entre elles par les signes de l’addition, de la soustraction, de la multiplication ou de la division ; et l’on reconnaitra sans peine que ces expressions conservent toutes les propriétés dont elles jouiraient si les variables et constantes qui s’y trouvent comprises étaient réelles. Par exemple, si l’on désigne par

plusieurs variables soit réelles, soit imaginaires, on aura, dans tous les cas possibles,
(1)
|
|
|
Considérons maintenant la notation

dans le cas où, la constante
restant réelle, la variable
obtient la valeur imaginaire

Si l’on prend pour
une quantité dont la valeur numérique soit un nombre entier
cette même notation, savoir

aura, pour des valeurs réelles quelconques de
et de
une signification précise. Elle représentera l’expression imaginaire

si
et la suivante

si
[(voir le Chapitre VII, § II, équations (18) et (19)]. Mais, toutes les fois que la constante
recevra une valeur numérique fractionnaire ou irrationnelle, la notation

n’aura plus de valeur précise et déterminée, à moins que la partie réelle
de l’expression imaginaire
ne soit positive. Si dans ce cas particulier on fait

l’arc
restera compris entre les limites
et, en écrivant
au lieu de
dans le § IV du Chapitre VII [(équations (17) et (27)], on trouvera

en sorte que la notation
désignera l’expression imaginaire

Il suit encore des conventions et des principes ci-dessus établis (Chap. VII, §§ III et IV), que, pour une valeur numérique fractionnaire de la constante
la notation

représente à la fois plusieurs expressions imaginaires, dont les valeurs sont données par les deux formules

lorsque la partie réelle
de l’expression imaginaire
est positive, et par les deux suivantes


lorsque la quantité
devient négative [(voir, à ce sujet, dans le § IV du Chapitre VII, les équations (25) et (26)]. La même notation ne peut plus être employée dans le cas où la valeur numérique de
devient irrationnelle.
Les expressions de la forme

conservent les mêmes propriétés pour des valeurs réelles et pour des valeurs imaginaires de la variable, tant que l’exposant a pour valeur numérique un nombre entier ; mais ces propriétés ne subsistent plus que sous certaines conditions dans le cas contraire. Soient, par exemple,

plusieurs expressions imaginaires, qui se réduiront à des quantités réelles si
s’évanouissent. Désignons, en outre, par
des quantités réelles quelconques, dont les valeurs numériques soient fractionnaires ou irrationnelles, et par
plusieurs nombres entiers. On aura constamment, en vertu des principes établis dans le Chapitre VII,
(2)
|
|
|
chacun des nombres
devant être affecté du même signe dans les deux membres ;
(3)
|
|
|
(4)
|
|
|
On trouvera, au contraire, que des trois formules

la première subsiste uniquement toutes les fois que la partie réelle
de l’expression imaginaire
est positive ; la seconde, toutes les fois que,
étant positifs, la somme

reste comprise entre les limites
et la dernière, toutes les fois que,
étant positif, le produit

est compris entre ces mêmes limites.
Les conventions faites dans le Chapitre VII ne suffisent pas encore pour fixer d’une manière précise le sens des notations

dans le cas où la variable
devient imaginaire. Le moyen le plus simple d’y parvenir étant la considération des séries imaginaires, nous renvoyons ce sujet au Chapitre IX.
D’après ce qui a été dit ci-dessus, toute notation algébrique qui renfermerait, avec les variables
supposées réelles, des constantes imaginaires, ne peut être employée dans le calcul que dans le cas où, en vertu des conventions établies, elle aurait pour valeur une certaine expression imaginaire. Une semblable expression, dans laquelle la partie réelle et le coefficient de
sont nécessairement des fonctions réelles des variables
est ce qu’on appelle une fonction imaginaire de ces mêmes variables. Ainsi, par exemple, si l’on désigne par
et
deux fonctions réelles de
une fonction imaginaire de cette variable sera

Quelquefois nous indiquerons une semblable fonction à l’aide d’une seule caractéristique
et nous écrirons, en conséquence,

Pareillement, si l’on désigne par

deux fonctions réelles des variables

sera une fonction imaginaire de ces diverses variables.
La fonction imaginaire

prend le nom de fonction algébrique, ou exponentielle, ou logarithmique, ou circulaire, etc., et, dans le premier cas, le nom de fonction rationnelle ou irrationnelle, entière ou fractionnaire, etc., toutes les fois que les fonctions réelles
jouissent l’une et l’autre des propriétés que suppose le nom dont il s’agit. Ainsi, en particulier, la forme générale d’une fonction imaginaire et linéaire des variables
sera

ou, ce qui revient au même,

désignant des constantes réelles.
On doit distinguer encore parmi les fonctions imaginaires, comme parmi les fonctions réelles, celles qu’on nomme explicites, et qui sont immédiatement exprimées au moyen des variables, de celles qu’on nomme implicites, et dont les valeurs déterminées par certaines équations ne peuvent être explicitement connues qu’après la résolution des équations dont il s’agit. Soit

une fonction imaginaire implicite déterminée par une seule équation. On pourra représenter cette fonction par
désignant deux quantités réelles ; et, si dans l’équation imaginaire qu’elle doit vérifier, on écrit, au lieu de
ou de 

après avoir développé les deux membres, puis égalé de part et d’autre les parties réelles et les coefficients de
on obtiendra deux équations réelles entre les fonctions inconnues
et
La résolution de ces dernières équations, lorsqu’elle pourra s’effectuer, fera connaître les valeurs explicites de
et de
et, par suite, la valeur explicite de l’expression imaginaire

Pour qu’une fonction imaginaire d’une seule variable soit complètement déterminée, il est nécessaire et il suffit que de chaque valeur particulière attribuée à la variable on puisse déduire la valeur correspondante de la fonction. Quelquefois, pour chaque valeur de la variable, la fonction donnée en obtient plusieurs différentes les unes des autres. Conformément aux conventions précédemment admises, nous désignerons ordinairement ces valeurs multiples d’une fonction imaginaire par des notations dans lesquelles nous ferons usage de doubles traits ou de doubles parenthèses. Ainsi, par exemple,
![{\displaystyle {\sqrt[{n}]{\!\!\!\!{\sqrt {\cos z+{\sqrt {-1}}\sin z}}}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/88798c6ff5d846633cefb2c77a082b4be789b44a)
ou

indiquera l’une quelconque des racines du degré
de l’expression imaginaire

§ II. — Sur les expressions imaginaires infiniment petites
et sur la continuité des fonctions imaginaires.
Une expression imaginaire est appelée infiniment petite, lorsqu’elle converge vers la limite zéro, ce qui suppose que, dans l’expression donnée, la partie réelle et le coefficient de
convergent en même temps vers cette limite. Cela posé, représentons par

une expression imaginaire variable,
désignant deux quantités réelles auxquelles on peut substituer le module
et l’arc réel
Pour que cette expression soit infiniment petite, il sera évidemment nécessaire et suffisant que son module

soit lui-même infiniment petit.
Une fonction imaginaire de la variable
supposée réelle est appelée continue entre deux limites données de cette variable lorsque, entre ces limites, un accroissement infiniment petit de la variable produit toujours un accroissement infiniment petit de la fonction elle-même. Il en résulte que la fonction imaginaire

sera continue entre deux limites de
si les fonctions réelles
et
restent continues entre ces limites.
On dit qu’une fonction imaginaire de la variable
est, dans le voisinage d’une valeur particulière de
fonction continue de cette variable toutes les fois qu’elle reste continue entre deux limites même très rapprochées qui renferment la valeur dont il s’agit.
Enfin, lorsqu’une fonction imaginaire de la variable
cesse d’être continue dans le voisinage d’une valeur particulière de cette variable, on dit qu’elle devient alors discontinue, et qu’il y a pour cette valeur particulière solution de continuité.
En partant des notions qu’on vient d’établir relativement à la continuité des fonctions imaginaires, on reconnaitra facilement que les théorèmes I, II et III du Chapitre II (§ II) subsistent dans le cas même où l’on remplace les fonctions réelles

par des fonctions imaginaires

On peut, en conséquence, énoncer les propositions suivantes :
Théorème I. — Si les variables réelles
ont pour limites les quantités fixes et déterminées
et que la fonction imaginaire

soit continue par rapport à chacune des variables
dans le voisinage du système des valeurs particulières

aura pour limite

ou, si l’on fait, pour abréger,

aura pour limite

Théorème II. — Désignons par
plusieurs fonctions réelles de la variable
qui soient continues par rapport à cette variable dans le voisinage de la valeur réelle
Soient de plus
les valeurs particulières de
correspondantes à
et supposons que, dans le voisinage de ces valeurs particulières, la fonction imaginaire

soit en même temps continue par rapport à
par rapport à
par rapport à
etc.;
considérée comme une fonction imaginaire de
sera encore continue par rapport à
dans le voisinage de la valeur particulière 
Si, dans le théorème précédent, on réduit les variables
à une seule, on obtiendra l’énoncé suivant :
Théorème III. — Supposons que dans l’expression

la variable
soit fonction réelle d’une autre variable
Concevons de plus que la variable
soit fonction continue de
dans le voisinage de la valeur particulière
et
fonction continue de
dans le voisinage de la valeur particulière
correspondante à
L’expression imaginaire
considérée comme une fonction de
sera encore continue par rapport à cette variable dans le voisinage de la valeur particulière 
§ III. — Des fonctions imaginaires symétriques,
alternées ou homogènes.
En étendant aux fonctions imaginaires les définitions que nous avons données (Chapitre III) des fonctions symétriques, ou alternées, ou homogènes de plusieurs variables
on reconnait immédiatement que

est une fonction symétrique, ou alternée, ou homogène du degré
par rapport aux variables
lorsque les fonctions réelles

sont l’une et l’autre symétriques, ou alternées, ou homogènes du degré
par rapport à ces mêmes variables.
§ IV. — Sur les fonctions imaginaires et entières
d’une ou de plusieurs variables.
En vertu de ce qui a été dit ci-dessus (§ I),

et

sont deux fonctions imaginaires et entières, l’une de la variable

l’autre des variables

lorsque

sont des fonctions réelles et entières de ces mêmes variables. Par suite, si
représente une fonction imaginaire et entière de la variable
la valeur de
sera déterminée par une équation de la forme

désignant des constantes réelles. On conclura de cette équation, en réunissant les coefficients des puissances semblables de 
(1)
|
|
|
Pour que la fonction
déterminée par la formule précédente, s’évanouisse avec
il faut que l’on ait

c’est-à-dire
et
auquel cas la valeur de
se réduit à
![{\displaystyle {\begin{aligned}\varpi (x)=&\ \ \left(a_{1}+b_{1}{\sqrt {-1}}\right)x+\left(a_{2}+b_{2}{\sqrt {-1}}\right)x^{2}+\ldots \\=&x\left[a_{1}+b_{1}{\sqrt {-1}}\quad \;+\left(a_{2}+b_{2}{\sqrt {-1}}\right)x+\ldots \right].\end{aligned}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/3e25b750be6be0def52c9c64b9ae0a36f3073eb6)
Ainsi, toute fonction imaginaire et entière de la variable
lorsqu’elle s’évanouit avec cette variable, est le produit du facteur
par une seconde fonction de la même espèce ou, en d’autres termes, est divisible par
En partant de cette remarque, on étendra facilement les théorèmes I et II du Chapitre IV (§ I) au cas où les fonctions entières qui s’y trouvent mentionnées sont en même temps imaginaires. J’ajoute que ces deux théorèmes subsisteront encore si l’on y remplace les valeurs particulières et réelles attribuées à la variable
telles que

par des variables imaginaires

Pour démontrer cette assertion, il suffit d’établir les deux propositions suivantes :
Théorème I. — Si une fonction imaginaire et entière de la variable
s’évanouit pour une valeur particulière de cette variable, par exemple pour

cette fonction sera divisible algébriquement par

Démonstration. — En effet, soit

la fonction imaginaire dont il s’agit. Si l’on y fait

désignant une nouvelle variable, on obtiendra évidemment pour résultat de la substitution une fonction imaginaire et entière de
savoir

et, comme cette fonction de
devra s’évanouir pour
on en conclura que

est divisible par

Corollaire I. — La proposition précédente subsiste dans le cas même où la fonction
s’évanouit, c’est-à-dire dans le cas où
se réduit à une fonction réelle
Corollaire II. — Le théorème précédent subsiste encore lorsqu’on suppose
et par conséquent lorsque la valeur particulière attribuée à la variable
est réelle.
Théorème II. — Si une fonction imaginaire et entière de la variable
s’évanouit pour chacune des valeurs particulières de
comprises dans la suite

désignant un nombre entier quelconque, cette fonction sera équivalente au produit des facteurs


par une nouvelle fonction imaginaire et entière de la variable 
Démonstration. — Soit

la fonction proposée. Comme elle doit s’évanouir pour

elle sera, en vertu du théorème I, algébriquement divisible par

et l’on aura, en conséquence,
(2)
|
|
|
désignant une nouvelle fonction imaginaire et entière de la variable
La fonction
devant s’évanouir encore lorsqu’on suppose

cette supposition réduira nécessairement à zéro le second membre de l’équation (2), et, par conséquent, l’un des deux facteurs qui le composent (voir le Chapitre VII, § II, théorème VII, corollaire II). De plus, comme le premier facteur

ne peut devenir nul pour

tant que les valeurs particulières

sont distinctes l’une de l’autre, il est clair qu’en attribuant à
la seconde de ces deux valeurs, on devra réduire à zéro la fonction entière
et, par suite, que cette fonction entière sera divisible algébriquement par

On aura donc

désignant une nouvelle fonction imaginaire et entière de la variable
en sorte que l’équation (2) pourra se mettre sous la forme
(3)
|
|
|
En raisonnant comme on vient de le faire, on trouvera : 1o que, la fonction
devant s’évanouir en vertu de la supposition

cette supposition réduit nécessairement à zéro le second membre de l’équation (3), et, par conséquent, l’un de ses trois facteurs ; 2o que le facteur réduit à zéro ne peut être que la fonction entière
tant que les trois valeurs particulières de
désignées par

sont distinctes l’une de l’autre ; 3o que la fonction entière
devant s’évanouir pour

est algébriquement divisible par

On aura, par conséquent,

et, par suite,
(4)
|
|
|
désignant encore une fonction imaginaire et entière de la variable
En continuant de la même manière, on finira par reconnaître que, dans le cas où la fonction entière
s’évanouit pour
valeurs différentes de
respectivement désignées par

on a nécessairement
(5)
|
|
|
désignant une nouvelle fonction entière de la variable 
Il est à peu près inutile d’observer que le théorème précédent subsiste lorsqu’on suppose

ou bien

c’est-à-dire lorsque la fonction
ou les valeurs particulières attribuées à la variable
deviennent réelles.
À l’aide des principes établis dans ce paragraphe, on démontrera sans difficulté que, dans le Chapitre IV (§ I), les théorèmes III et IV, avec la formule (1), peuvent être étendus au cas où les fonctions et les variables deviennent imaginaires, ainsi que les valeurs particulières attribuées aux unes et aux autres. On prouvera de même que les propositions I, II et III, avec les formules (1) et (2), dans le § II du Chapitre IV, et les formules (2), (3), (4), (5), (6) dans le § III du même Chapitre, subsistent quelles que soient les valeurs réelles ou imaginaires des variables, des fonctions et des constantes. Ainsi, par exemple, on reconnaitra, en particulier, que l’équation (6) du § III, savoir
(6)
|
|
|
a lieu pour des valeurs imaginaires quelconques des variables
et 
§ V. — Détermination des fonctions imaginaires continues
d’une seule variable propres à vérifier certaines conditions.
Soit

une fonction imaginaire continue de la variable
et
désignant deux fonctions continues, mais réelles. La fonction imaginaire
sera complètement déterminée, si elle est assujettie à vérifier, pour toutes les valeurs réelles possibles des variables
et
l’une des équations
(1)
|
|
|
(2)
|
|
|
ou bien, pour toutes les valeurs réelles et positives des mêmes variables, l’une des équations suivantes :
(3)
|
|
|
(4)
|
|
|
Nous allons résoudre successivement ces quatre équations, ce qui nous fournira quatre problèmes analogues à ceux que nous avons déjà traités dans le § I du Chapitre V.
Problème I. — Déterminer la fonction imaginaire
de manière qu’elle reste continue entre deux limites réelles quelconques de la variable
et que l’on ait, pour toutes les valeurs réelles des variables
et
,
(1)
|
|
|
Solution. — Si, à l’aide de la formule

on remplace dans l’équation (1) la fonction imaginaire par les fonctions réelles
et
cette équation deviendra

puis l’on en conclura, en égalant de part et d’autre les parties réelles et les coefficients de 

On tirera de ces dernières formules (voir le Chapitre V, § I, problème I)

et, par suite,
(5)
|
|
|
ou, ce qui revient au même,
(6)
|
|
|
Il suit de l’équation (5) que toute valeur de
propre à résoudre la question proposée est nécessairement de la forme
(7)
|
|
|
désignant deux quantités constantes. Il est d’ailleurs facile de s’assurer qu’une semblable valeur de
vérifie l’équation (1), quelles que soient les deux quantités
et
Ces quantités sont donc deux constantes arbitraires.
On peut remarquer que, pour obtenir la valeur précédente de
il suffit de remplacer, dans la valeur de
que fournit l’équation (7) du Chapitre V (§ I), la constante arbitraire et réelle
par la constante arbitraire, mais imaginaire,

Problème II. — Déterminer la fonction imaginaire
de manière qu’elle reste continue entre deux limites réelles quelconques de la variable
et que l’on ait, pour toutes les valeurs réelles des variables
et
,
(2)
|
|
|
Solution. — Si dans l’équation (2) on fait
on en tirera

ou, ce qui revient au même, à cause de la formule


et, par suite,

La fonction
se réduira donc à l’unité pour la valeur particulière
attribuée à la variable
et, puisqu’on la suppose continue entre des limites quelconques, il est clair qu’elle sera, dans le voisinage de cette valeur particulière, très peu différente de l’unité, par conséquent positive. On pourra donc, en désignant par
un nombre très petit, choisir ce nombre de manière que la fonction
reste constamment positive entre les limites

Cette condition étant remplie, comme la quantité
sera elle-même positive, si l’on fait

on en conclura

Concevons maintenant que dans l’équation (2) on remplace successivement
par
puis
par
on en déduira

quel que soit le nombre des variables
si, de plus, on désigne par
ce même nombre, et que l’on fasse

l’équation que l’on vient de trouver donnera
![{\displaystyle \varpi (m\alpha )=\left[\varpi (\alpha )\right]^{m}=\rho ^{m}\left(\cos m\zeta +{\sqrt {-1}}\sin m\zeta \right).}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/3711c201c15ee7c0db075545bf82d124f6d52b0e)
J’ajoute que la formule

subsistera encore si l’on y remplace le nombre entier
par une fraction ou même par un nombre quelconque
C’est ce que l’on prouvera facilement ainsi qu’il suit.
Si dans l’équation (2) on fait

on en tirera
![{\displaystyle \left[\varpi \left({\frac {1}{2}}\alpha \right)\right]^{2}=\varpi (\alpha )=\rho \left[\cos \zeta +{\sqrt {-1}}\sin \zeta \right]\,;}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/7787ae3528b64041fbfbe90f5254cf91c564a768)
puis, en extrayant les racines carrées des deux membres, de manière que les parties réelles soient positives, et observant que les deux fonctions
restent positives, la première entre les limites
la seconde entre les limites
on trouvera

De même, si dans l’équation (2) on fait

on en tirera
![{\displaystyle \left[\varpi \left({\frac {1}{4}}\alpha \right)\right]^{2}=\varpi \left({\frac {1}{2}}\alpha \right)=\rho ^{\frac {1}{2}}\left(\cos {\frac {\zeta }{2}}+{\sqrt {-1}}\sin {\frac {\zeta }{2}}\right)\,;}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/1fb72d7cfbe2ecfdcd0bd3a4f28656677b2c9be3)
puis, en extrayant les racines carrées des deux membres, de manière à obtenir des parties réelles positives,

Par des raisonnements semblables, on établira successivement les formules

et, en général,
désignant un nombre entier quelconque,
![{\displaystyle \varpi \left({\frac {1}{2^{n}}}\alpha \right)=\rho ^{\frac {1}{2^{n}}}\left[\cos \left({\frac {1}{2^{n}}}\zeta \right)+{\sqrt {-1}}\sin \left({\frac {1}{2^{n}}}\zeta \right)\right].}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/1d13f78faf19b757bace7eeb58510280c971a056)
Si l’on opère sur la valeur précédente de
pour en déduire celle de
comme on a opéré sur la valeur de
pour en déduire celle de
on trouvera
![{\displaystyle \varpi \left({\frac {m}{2^{n}}}\alpha \right)=\rho ^{\frac {m}{2^{n}}}\left[\cos \left({\frac {m}{2^{n}}}\zeta \right)+{\sqrt {-1}}\sin \left({\frac {m}{2^{n}}}\zeta \right)\right],}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/5938e7b62f539d688e5b601415de0a8ef1a37602)
ou, ce qui revient au même,
![{\displaystyle \varphi \left({\frac {m}{2^{n}}}\alpha \right)+\chi \left({\frac {m}{2^{n}}}\alpha \right){\sqrt {-1}}=\rho ^{\frac {m}{2^{n}}}\left[\cos \left({\frac {m}{2^{n}}}\zeta \right)+{\sqrt {-1}}\sin \left({\frac {m}{2^{n}}}\zeta \right)\right],}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/abeec7abfefc964c3f00426e4ef77ee5ca6f4335)
et, par suite,

puis, en supposant que la fraction

varie de manière à s’approcher indéfiniment du nombre

et passant aux limites, on obtiendra les équations

desquelles on conclura
(8)
|
|
|
De plus, si dans l’équation (2) on pose

on en tirera
![{\displaystyle \varpi (-\mu \alpha )={\frac {\varpi (0)}{\varpi (\mu \alpha )}}=\rho ^{-\mu }\left[\cos(-\mu \zeta )+{\sqrt {-1}}\sin(-\mu \zeta )\right].}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/8b2a058eb0c725833c550852034007aa5280763f)
La formule (8) subsistera donc lorsqu’on y remplacera
par
En d’autres termes, on aura, pour des valeurs réelles quelconques positives ou négatives de la variable 
(9)
|
|
|
Si dans cette dernière formule on écrit
au lieu de
elle deviendra
(10)
|
|
|
et si l’on fait ensuite, pour abréger,
(11)
|
|
|
on trouvera
(12)
|
|
|
Ainsi toute valeur de
propre à résoudre la question proposée, sera nécessairement de la forme

désignant deux constantes réelles, dont la première ne pourra être que positive. Il est d’ailleurs facile de s’assurer qu’une semblable valeur de
vérifie l’équation (2), quelles que soient la valeur du nombre
et celle de la quantité
Ce nombre et cette quantité sont donc des constantes arbitraires.
Corollaire. — Dans le cas particulier où la fonction
doit rester positive entre les limites
on peut, au lieu de supposer très petit, prendre
et l’on conclut alors immédiatement des équations (9) et (10)
(13)
|
|
|
Problème III. — Déterminer la fonction imaginaire
de manière qu’elle reste continue entre deux limites positives quelconques de la variable
et que l’on ait, pour toutes les valeurs positives des variables
et
,
(3)
|
|
|
Solution. — Si, à l’aide de la formule

on remplace dans l’équation (3) la fonction imaginaire
par les fonctions réelles
et
puis, que l’on égale de part et d’autre les parties réelles et les coefficients de
on trouvera

Si, de plus, on désigne par
un nombre quelconque et par
la caractéristique des logarithmes dans le système dont la base est
on tirera des équations précédentes (voir le Chapitre V, § I, problème III)

et l’on en conclura
(14)
|
|
|
ou, ce qui revient au même,
(15)
|
|
|
Il suit de la formule (14) que toute valeur
propre à résoudre la question proposée est nécessairement de la forme
(16)
|
|
|
désignant deux quantités constantes. Il est d’ailleurs facile de s’assurer qu’une semblable valeur de
vérifie l’équation (3), quelles que soient les quantités
et
Ces quantités sont donc deux constantes arbitraires.
On peut remarquer que, pour obtenir la valeur précédente de
il suffit de remplacer, dans la valeur de
que fournit l’équation (12) du Chapitre V (§ I), la constante arbitraire et réelle
par la constante arbitraire, mais imaginaire,

Nota. — On pourrait arriver très simplement à l’équation (15) de la manière suivante.
En vertu des formules identiques

l’équation (3) devient

Comme, dans cette dernière, les quantités variables
admettent des valeurs réelles quelconques positives ou négatives, il en résulte qu’on aura, pour toutes les valeurs réelles possibles des variables
et
,

On en conclura [voir le problème I, équation (6)]

et, par suite,

ou, ce qui revient au même,

Problème IV. — Déterminer la fonction imaginaire
de manière qu’elle reste continue entre deux limites positives quelconques de la variable
et que l’on ait, pour toutes les valeurs positives des variables
et
,
(4)
|
|
|
Solution. — Il serait facile d’appliquer à la solution de ce problème une méthode semblable à celle que nous avons employée pour résoudre le second ; mais on arrivera plus promptement à la solution cherchée, si l’on observe que, en désignant par
la caractéristique des logarithmes dans le système dont la base est
on peut mettre l’équation (4) sous la forme

Comme, dans cette dernière équation, les quantités variables
admettent des valeurs réelles quelconques positives ou négatives, il en résulte qu’on aura, pour toutes les valeurs réelles possibles des variables
et
,

On en conclura, en représentant par
un nombre très petit et en remplaçant dans l’équation (10) du second problème
par 
![{\displaystyle \varpi \left(\mathrm {A} ^{x}\right)=\left[\varpi \left(\mathrm {A} ^{\alpha }\right)\right]^{\frac {x}{\alpha }}.}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/bcb9792d94e7dca70446e79211a41f51a2c1e9f5)
On trouvera par suite
![{\displaystyle \varpi \left(\mathrm {A} ^{\operatorname {L} x}\right)=\left[\varpi \left(\mathrm {A} ^{\alpha }\right)\right]^{\frac {\operatorname {L} x}{\alpha }}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/588414510e00a1ec0498aa02c1c8b78257ab1c2f)
ou, ce qui revient au même,
(17)
|
|
|
Il est essentiel d’observer que la fonction imaginaire
et par conséquent sa partie réelle
se réduisent à l’unité pour
ou, en d’autres termes, que la fonction imaginaire
et sa partie réelle
se réduisent à l’unité pour
C’est ce que l’on peut démontrer directement, en prenant dans l’équation (4),

Quant au nombre
il doit seulement être assez petit pour que la partie réelle de la fonction imaginaire
reste constamment positive entre les limites
Cette condition étant remplie, la partie réelle de l’expression imaginaire

sera elle-même positive ; et par suite, si l’on fait
![{\displaystyle \rho ={\sqrt {\left[\varphi \left(\mathrm {A} ^{\alpha }\right)\right]^{2}+\left[\chi \left(\mathrm {A} ^{\alpha }\right)\right]^{2}}},\qquad \zeta =\operatorname {arc\,tang} {\frac {\chi (\mathrm {A} ^{\alpha })}{\varphi (\mathrm {A} ^{\alpha })}},}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/7614080b1830917131c88fc455035b2bc368dc10)
on aura

Cela posé, l’équation (17) deviendra
(18)
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En vertu de cette dernière équation, toute valeur de
propre à résoudre la question proposée sera nécessairement de la forme
(19)
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désignant deux quantités constantes. Il est aisé, de plus, de s’assurer que ces deux quantités constantes doivent demeurer entièrement arbitraires.