Cours d’analyse de l’école royale polytechnique/Chapitre VIII

Paris, Gauthier-Villars (Œuvres complètes d'Augustin Cauchy, IIe Série, Tome IIIp. 204-229).

CHAPITRE VIII.

DES VARIABLES ET DES FONCTIONS IMAGINAIRES.

§ I. — Considérations générales sur les variables et les fonctions
imaginaires.

Lorsqu’on suppose variables les deux quantités réelles ou au moins l’une d’entre elles, l’expression

est ce qu’on appelle une variable imaginaire. Si, de plus, la variable converge vers la limite et la variable vers la limite

sera la limite vers laquelle converge l’expression imaginaire

Lorsque les constantes ou variables comprises dans une fonction donnée, après avoir été considérées comme réelles, sont ensuite supposées imaginaires, la notation à l’aide de laquelle on exprimait la fonction dont il s’agit ne peut être conservée dans le calcul qu’en vertu de conventions nouvelles propres à fixer le sens de cette notation dans la dernière hypothèse. Ainsi, par exemple, en vertu des conventions établies dans le Chapitre précédent, les valeurs des notations

se trouvent complètement déterminées dans le cas où la constante et la variable deviennent imaginaires. Supposons, pour fixer les idées, que, la constante restant réelle, la variable reçoive la valeur imaginaire

exprimant deux quantités réelles qui peuvent être remplacées par le module et l’arc réel On conclura du Chapitre VII (§§ I et II) que les quatre notations

désignent respectivement les quatre expressions imaginaires

ou, en d’autres termes, les suivantes :

En général, on fixera sans difficulté, par le moyen des principes établis dans le Chapitre VII, les valeurs des expressions algébriques dans lesquelles plusieurs variables ou constantes imaginaires seraient liées entre elles par les signes de l’addition, de la soustraction, de la multiplication ou de la division ; et l’on reconnaitra sans peine que ces expressions conservent toutes les propriétés dont elles jouiraient si les variables et constantes qui s’y trouvent comprises étaient réelles. Par exemple, si l’on désigne par

plusieurs variables soit réelles, soit imaginaires, on aura, dans tous les cas possibles,

(1)

Considérons maintenant la notation

dans le cas où, la constante restant réelle, la variable obtient la valeur imaginaire

Si l’on prend pour une quantité dont la valeur numérique soit un nombre entier cette même notation, savoir

aura, pour des valeurs réelles quelconques de et de une signification précise. Elle représentera l’expression imaginaire

si et la suivante

si [(voir le Chapitre VII, § II, équations (18) et (19)]. Mais, toutes les fois que la constante recevra une valeur numérique fractionnaire ou irrationnelle, la notation

n’aura plus de valeur précise et déterminée, à moins que la partie réelle de l’expression imaginaire ne soit positive. Si dans ce cas particulier on fait

l’arc restera compris entre les limites et, en écrivant au lieu de dans le § IV du Chapitre VII [(équations (17) et (27)], on trouvera

en sorte que la notation désignera l’expression imaginaire

Il suit encore des conventions et des principes ci-dessus établis (Chap. VII, §§ III et IV), que, pour une valeur numérique fractionnaire de la constante la notation

représente à la fois plusieurs expressions imaginaires, dont les valeurs sont données par les deux formules

lorsque la partie réelle de l’expression imaginaire est positive, et par les deux suivantes

lorsque la quantité devient négative [(voir, à ce sujet, dans le § IV du Chapitre VII, les équations (25) et (26)]. La même notation ne peut plus être employée dans le cas où la valeur numérique de devient irrationnelle.

Les expressions de la forme

conservent les mêmes propriétés pour des valeurs réelles et pour des valeurs imaginaires de la variable, tant que l’exposant a pour valeur numérique un nombre entier ; mais ces propriétés ne subsistent plus que sous certaines conditions dans le cas contraire. Soient, par exemple,

plusieurs expressions imaginaires, qui se réduiront à des quantités réelles si s’évanouissent. Désignons, en outre, par des quantités réelles quelconques, dont les valeurs numériques soient fractionnaires ou irrationnelles, et par plusieurs nombres entiers. On aura constamment, en vertu des principes établis dans le Chapitre VII,

(2)

chacun des nombres devant être affecté du même signe dans les deux membres ;

(3)
(4)

On trouvera, au contraire, que des trois formules

la première subsiste uniquement toutes les fois que la partie réelle de l’expression imaginaire est positive ; la seconde, toutes les fois que, étant positifs, la somme

reste comprise entre les limites et la dernière, toutes les fois que, étant positif, le produit

est compris entre ces mêmes limites.

Les conventions faites dans le Chapitre VII ne suffisent pas encore pour fixer d’une manière précise le sens des notations

dans le cas où la variable devient imaginaire. Le moyen le plus simple d’y parvenir étant la considération des séries imaginaires, nous renvoyons ce sujet au Chapitre IX.

D’après ce qui a été dit ci-dessus, toute notation algébrique qui renfermerait, avec les variables supposées réelles, des constantes imaginaires, ne peut être employée dans le calcul que dans le cas où, en vertu des conventions établies, elle aurait pour valeur une certaine expression imaginaire. Une semblable expression, dans laquelle la partie réelle et le coefficient de sont nécessairement des fonctions réelles des variables est ce qu’on appelle une fonction imaginaire de ces mêmes variables. Ainsi, par exemple, si l’on désigne par et deux fonctions réelles de une fonction imaginaire de cette variable sera

Quelquefois nous indiquerons une semblable fonction à l’aide d’une seule caractéristique et nous écrirons, en conséquence,

Pareillement, si l’on désigne par deux fonctions réelles des variables

sera une fonction imaginaire de ces diverses variables.

La fonction imaginaire

prend le nom de fonction algébrique, ou exponentielle, ou logarithmique, ou circulaire, etc., et, dans le premier cas, le nom de fonction rationnelle ou irrationnelle, entière ou fractionnaire, etc., toutes les fois que les fonctions réelles jouissent l’une et l’autre des propriétés que suppose le nom dont il s’agit. Ainsi, en particulier, la forme générale d’une fonction imaginaire et linéaire des variables sera

ou, ce qui revient au même,

désignant des constantes réelles.

On doit distinguer encore parmi les fonctions imaginaires, comme parmi les fonctions réelles, celles qu’on nomme explicites, et qui sont immédiatement exprimées au moyen des variables, de celles qu’on nomme implicites, et dont les valeurs déterminées par certaines équations ne peuvent être explicitement connues qu’après la résolution des équations dont il s’agit. Soit

une fonction imaginaire implicite déterminée par une seule équation. On pourra représenter cette fonction par désignant deux quantités réelles ; et, si dans l’équation imaginaire qu’elle doit vérifier, on écrit, au lieu de ou de

après avoir développé les deux membres, puis égalé de part et d’autre les parties réelles et les coefficients de on obtiendra deux équations réelles entre les fonctions inconnues et La résolution de ces dernières équations, lorsqu’elle pourra s’effectuer, fera connaître les valeurs explicites de et de et, par suite, la valeur explicite de l’expression imaginaire

Pour qu’une fonction imaginaire d’une seule variable soit complètement déterminée, il est nécessaire et il suffit que de chaque valeur particulière attribuée à la variable on puisse déduire la valeur correspondante de la fonction. Quelquefois, pour chaque valeur de la variable, la fonction donnée en obtient plusieurs différentes les unes des autres. Conformément aux conventions précédemment admises, nous désignerons ordinairement ces valeurs multiples d’une fonction imaginaire par des notations dans lesquelles nous ferons usage de doubles traits ou de doubles parenthèses. Ainsi, par exemple,

ou

indiquera l’une quelconque des racines du degré de l’expression imaginaire

§ II. — Sur les expressions imaginaires infiniment petites
et sur la continuité des fonctions imaginaires.

Une expression imaginaire est appelée infiniment petite, lorsqu’elle converge vers la limite zéro, ce qui suppose que, dans l’expression donnée, la partie réelle et le coefficient de convergent en même temps vers cette limite. Cela posé, représentons par

une expression imaginaire variable, désignant deux quantités réelles auxquelles on peut substituer le module et l’arc réel Pour que cette expression soit infiniment petite, il sera évidemment nécessaire et suffisant que son module

soit lui-même infiniment petit.

Une fonction imaginaire de la variable supposée réelle est appelée continue entre deux limites données de cette variable lorsque, entre ces limites, un accroissement infiniment petit de la variable produit toujours un accroissement infiniment petit de la fonction elle-même. Il en résulte que la fonction imaginaire

sera continue entre deux limites de si les fonctions réelles et restent continues entre ces limites.

On dit qu’une fonction imaginaire de la variable est, dans le voisinage d’une valeur particulière de fonction continue de cette variable toutes les fois qu’elle reste continue entre deux limites même très rapprochées qui renferment la valeur dont il s’agit.

Enfin, lorsqu’une fonction imaginaire de la variable cesse d’être continue dans le voisinage d’une valeur particulière de cette variable, on dit qu’elle devient alors discontinue, et qu’il y a pour cette valeur particulière solution de continuité.

En partant des notions qu’on vient d’établir relativement à la continuité des fonctions imaginaires, on reconnaitra facilement que les théorèmes I, II et III du Chapitre II (§ II) subsistent dans le cas même où l’on remplace les fonctions réelles

par des fonctions imaginaires

On peut, en conséquence, énoncer les propositions suivantes :

Théorème I. — Si les variables réelles ont pour limites les quantités fixes et déterminées et que la fonction imaginaire

soit continue par rapport à chacune des variables dans le voisinage du système des valeurs particulières

aura pour limite

ou, si l’on fait, pour abréger,

aura pour limite

Théorème II. — Désignons par plusieurs fonctions réelles de la variable qui soient continues par rapport à cette variable dans le voisinage de la valeur réelle Soient de plus les valeurs particulières de correspondantes à et supposons que, dans le voisinage de ces valeurs particulières, la fonction imaginaire

soit en même temps continue par rapport à par rapport à par rapport à etc.; considérée comme une fonction imaginaire de sera encore continue par rapport à dans le voisinage de la valeur particulière

Si, dans le théorème précédent, on réduit les variables à une seule, on obtiendra l’énoncé suivant :

Théorème III. — Supposons que dans l’expression

la variable soit fonction réelle d’une autre variable Concevons de plus que la variable soit fonction continue de dans le voisinage de la valeur particulière et fonction continue de dans le voisinage de la valeur particulière correspondante à L’expression imaginaire considérée comme une fonction de sera encore continue par rapport à cette variable dans le voisinage de la valeur particulière

§ III. — Des fonctions imaginaires symétriques,
alternées ou homogènes.

En étendant aux fonctions imaginaires les définitions que nous avons données (Chapitre III) des fonctions symétriques, ou alternées, ou homogènes de plusieurs variables on reconnait immédiatement que

est une fonction symétrique, ou alternée, ou homogène du degré par rapport aux variables lorsque les fonctions réelles

sont l’une et l’autre symétriques, ou alternées, ou homogènes du degré par rapport à ces mêmes variables.

§ IV. — Sur les fonctions imaginaires et entières
d’une ou de plusieurs variables.

En vertu de ce qui a été dit ci-dessus (§ I),

et

sont deux fonctions imaginaires et entières, l’une de la variable l’autre des variables lorsque

sont des fonctions réelles et entières de ces mêmes variables. Par suite, si représente une fonction imaginaire et entière de la variable la valeur de sera déterminée par une équation de la forme

désignant des constantes réelles. On conclura de cette équation, en réunissant les coefficients des puissances semblables de

(1)

Pour que la fonction déterminée par la formule précédente, s’évanouisse avec il faut que l’on ait

c’est-à-dire et auquel cas la valeur de se réduit à

Ainsi, toute fonction imaginaire et entière de la variable lorsqu’elle s’évanouit avec cette variable, est le produit du facteur par une seconde fonction de la même espèce ou, en d’autres termes, est divisible par En partant de cette remarque, on étendra facilement les théorèmes I et II du Chapitre IV (§ I) au cas où les fonctions entières qui s’y trouvent mentionnées sont en même temps imaginaires. J’ajoute que ces deux théorèmes subsisteront encore si l’on y remplace les valeurs particulières et réelles attribuées à la variable telles que

par des variables imaginaires

Pour démontrer cette assertion, il suffit d’établir les deux propositions suivantes :

Théorème I. — Si une fonction imaginaire et entière de la variable s’évanouit pour une valeur particulière de cette variable, par exemple pour

cette fonction sera divisible algébriquement par

Démonstration. — En effet, soit

la fonction imaginaire dont il s’agit. Si l’on y fait

désignant une nouvelle variable, on obtiendra évidemment pour résultat de la substitution une fonction imaginaire et entière de savoir

et, comme cette fonction de devra s’évanouir pour on en conclura que

est divisible par

Corollaire I. — La proposition précédente subsiste dans le cas même où la fonction s’évanouit, c’est-à-dire dans le cas où se réduit à une fonction réelle

Corollaire II. — Le théorème précédent subsiste encore lorsqu’on suppose et par conséquent lorsque la valeur particulière attribuée à la variable est réelle.

Théorème II. — Si une fonction imaginaire et entière de la variable s’évanouit pour chacune des valeurs particulières de comprises dans la suite

désignant un nombre entier quelconque, cette fonction sera équivalente au produit des facteurs

par une nouvelle fonction imaginaire et entière de la variable

Démonstration. — Soit

la fonction proposée. Comme elle doit s’évanouir pour

elle sera, en vertu du théorème I, algébriquement divisible par

et l’on aura, en conséquence,

(2)

désignant une nouvelle fonction imaginaire et entière de la variable La fonction devant s’évanouir encore lorsqu’on suppose

cette supposition réduira nécessairement à zéro le second membre de l’équation (2), et, par conséquent, l’un des deux facteurs qui le composent (voir le Chapitre VII, § II, théorème VII, corollaire II). De plus, comme le premier facteur

ne peut devenir nul pour

tant que les valeurs particulières

sont distinctes l’une de l’autre, il est clair qu’en attribuant à la seconde de ces deux valeurs, on devra réduire à zéro la fonction entière et, par suite, que cette fonction entière sera divisible algébriquement par

On aura donc

désignant une nouvelle fonction imaginaire et entière de la variable en sorte que l’équation (2) pourra se mettre sous la forme

(3)

En raisonnant comme on vient de le faire, on trouvera : 1o que, la fonction devant s’évanouir en vertu de la supposition

cette supposition réduit nécessairement à zéro le second membre de l’équation (3), et, par conséquent, l’un de ses trois facteurs ; 2o que le facteur réduit à zéro ne peut être que la fonction entière tant que les trois valeurs particulières de désignées par

sont distinctes l’une de l’autre ; 3o que la fonction entière devant s’évanouir pour

est algébriquement divisible par

On aura, par conséquent,

et, par suite,

(4)

désignant encore une fonction imaginaire et entière de la variable En continuant de la même manière, on finira par reconnaître que, dans le cas où la fonction entière s’évanouit pour valeurs différentes de respectivement désignées par

on a nécessairement

(5)

désignant une nouvelle fonction entière de la variable

Il est à peu près inutile d’observer que le théorème précédent subsiste lorsqu’on suppose

ou bien

c’est-à-dire lorsque la fonction ou les valeurs particulières attribuées à la variable deviennent réelles.

À l’aide des principes établis dans ce paragraphe, on démontrera sans difficulté que, dans le Chapitre IV (§ I), les théorèmes III et IV, avec la formule (1), peuvent être étendus au cas où les fonctions et les variables deviennent imaginaires, ainsi que les valeurs particulières attribuées aux unes et aux autres. On prouvera de même que les propositions I, II et III, avec les formules (1) et (2), dans le § II du Chapitre IV, et les formules (2), (3), (4), (5), (6) dans le § III du même Chapitre, subsistent quelles que soient les valeurs réelles ou imaginaires des variables, des fonctions et des constantes. Ainsi, par exemple, on reconnaitra, en particulier, que l’équation (6) du § III, savoir

(6)

a lieu pour des valeurs imaginaires quelconques des variables et

§ V. — Détermination des fonctions imaginaires continues
d’une seule variable propres à vérifier certaines conditions.

Soit

une fonction imaginaire continue de la variable et désignant deux fonctions continues, mais réelles. La fonction imaginaire sera complètement déterminée, si elle est assujettie à vérifier, pour toutes les valeurs réelles possibles des variables et l’une des équations

(1)
(2)

ou bien, pour toutes les valeurs réelles et positives des mêmes variables, l’une des équations suivantes :

(3)
(4)

Nous allons résoudre successivement ces quatre équations, ce qui nous fournira quatre problèmes analogues à ceux que nous avons déjà traités dans le § I du Chapitre V.

Problème I. — Déterminer la fonction imaginaire de manière qu’elle reste continue entre deux limites réelles quelconques de la variable et que l’on ait, pour toutes les valeurs réelles des variables et ,

(1)

Solution. — Si, à l’aide de la formule

on remplace dans l’équation (1) la fonction imaginaire par les fonctions réelles et cette équation deviendra

puis l’on en conclura, en égalant de part et d’autre les parties réelles et les coefficients de

On tirera de ces dernières formules (voir le Chapitre V, § I, problème I)

et, par suite,

(5)

ou, ce qui revient au même,

(6)

Il suit de l’équation (5) que toute valeur de propre à résoudre la question proposée est nécessairement de la forme

(7)

désignant deux quantités constantes. Il est d’ailleurs facile de s’assurer qu’une semblable valeur de vérifie l’équation (1), quelles que soient les deux quantités et Ces quantités sont donc deux constantes arbitraires.

On peut remarquer que, pour obtenir la valeur précédente de il suffit de remplacer, dans la valeur de que fournit l’équation (7) du Chapitre V (§ I), la constante arbitraire et réelle par la constante arbitraire, mais imaginaire,

Problème II. — Déterminer la fonction imaginaire de manière qu’elle reste continue entre deux limites réelles quelconques de la variable et que l’on ait, pour toutes les valeurs réelles des variables et ,

(2)

Solution. — Si dans l’équation (2) on fait on en tirera

ou, ce qui revient au même, à cause de la formule

et, par suite,

La fonction se réduira donc à l’unité pour la valeur particulière attribuée à la variable et, puisqu’on la suppose continue entre des limites quelconques, il est clair qu’elle sera, dans le voisinage de cette valeur particulière, très peu différente de l’unité, par conséquent positive. On pourra donc, en désignant par un nombre très petit, choisir ce nombre de manière que la fonction reste constamment positive entre les limites

Cette condition étant remplie, comme la quantité sera elle-même positive, si l’on fait

on en conclura

Concevons maintenant que dans l’équation (2) on remplace successivement par puis par on en déduira

quel que soit le nombre des variables si, de plus, on désigne par ce même nombre, et que l’on fasse

l’équation que l’on vient de trouver donnera

J’ajoute que la formule

subsistera encore si l’on y remplace le nombre entier par une fraction ou même par un nombre quelconque C’est ce que l’on prouvera facilement ainsi qu’il suit.

Si dans l’équation (2) on fait

on en tirera

puis, en extrayant les racines carrées des deux membres, de manière que les parties réelles soient positives, et observant que les deux fonctions restent positives, la première entre les limites la seconde entre les limites on trouvera

De même, si dans l’équation (2) on fait

on en tirera

puis, en extrayant les racines carrées des deux membres, de manière à obtenir des parties réelles positives,

Par des raisonnements semblables, on établira successivement les formules

et, en général, désignant un nombre entier quelconque,

Si l’on opère sur la valeur précédente de pour en déduire celle de comme on a opéré sur la valeur de pour en déduire celle de on trouvera

ou, ce qui revient au même,

et, par suite,

puis, en supposant que la fraction varie de manière à s’approcher indéfiniment du nombre et passant aux limites, on obtiendra les équations

desquelles on conclura

(8)

De plus, si dans l’équation (2) on pose

on en tirera

La formule (8) subsistera donc lorsqu’on y remplacera par En d’autres termes, on aura, pour des valeurs réelles quelconques positives ou négatives de la variable

(9)

Si dans cette dernière formule on écrit au lieu de elle deviendra

(10)

et si l’on fait ensuite, pour abréger,

(11)

on trouvera

(12)

Ainsi toute valeur de propre à résoudre la question proposée, sera nécessairement de la forme

désignant deux constantes réelles, dont la première ne pourra être que positive. Il est d’ailleurs facile de s’assurer qu’une semblable valeur de vérifie l’équation (2), quelles que soient la valeur du nombre et celle de la quantité Ce nombre et cette quantité sont donc des constantes arbitraires.

Corollaire. — Dans le cas particulier où la fonction doit rester positive entre les limites on peut, au lieu de supposer très petit, prendre et l’on conclut alors immédiatement des équations (9) et (10)

(13)

Problème III. — Déterminer la fonction imaginaire de manière qu’elle reste continue entre deux limites positives quelconques de la variable et que l’on ait, pour toutes les valeurs positives des variables et ,

(3)

Solution. — Si, à l’aide de la formule

on remplace dans l’équation (3) la fonction imaginaire par les fonctions réelles et puis, que l’on égale de part et d’autre les parties réelles et les coefficients de on trouvera

Si, de plus, on désigne par un nombre quelconque et par la caractéristique des logarithmes dans le système dont la base est on tirera des équations précédentes (voir le Chapitre V, § I, problème III)

et l’on en conclura

(14)
ou, ce qui revient au même,
(15)

Il suit de la formule (14) que toute valeur propre à résoudre la question proposée est nécessairement de la forme

(16)

désignant deux quantités constantes. Il est d’ailleurs facile de s’assurer qu’une semblable valeur de vérifie l’équation (3), quelles que soient les quantités et Ces quantités sont donc deux constantes arbitraires.

On peut remarquer que, pour obtenir la valeur précédente de il suffit de remplacer, dans la valeur de que fournit l’équation (12) du Chapitre V (§ I), la constante arbitraire et réelle par la constante arbitraire, mais imaginaire,

Nota. — On pourrait arriver très simplement à l’équation (15) de la manière suivante.

En vertu des formules identiques

l’équation (3) devient

Comme, dans cette dernière, les quantités variables admettent des valeurs réelles quelconques positives ou négatives, il en résulte qu’on aura, pour toutes les valeurs réelles possibles des variables et ,

On en conclura [voir le problème I, équation (6)]

et, par suite,

ou, ce qui revient au même,

Problème IV. — Déterminer la fonction imaginaire de manière qu’elle reste continue entre deux limites positives quelconques de la variable et que l’on ait, pour toutes les valeurs positives des variables et ,

(4)

Solution. — Il serait facile d’appliquer à la solution de ce problème une méthode semblable à celle que nous avons employée pour résoudre le second ; mais on arrivera plus promptement à la solution cherchée, si l’on observe que, en désignant par la caractéristique des logarithmes dans le système dont la base est on peut mettre l’équation (4) sous la forme

Comme, dans cette dernière équation, les quantités variables admettent des valeurs réelles quelconques positives ou négatives, il en résulte qu’on aura, pour toutes les valeurs réelles possibles des variables et ,

On en conclura, en représentant par un nombre très petit et en remplaçant dans l’équation (10) du second problème par

On trouvera par suite

ou, ce qui revient au même,

(17)

Il est essentiel d’observer que la fonction imaginaire et par conséquent sa partie réelle se réduisent à l’unité pour ou, en d’autres termes, que la fonction imaginaire et sa partie réelle se réduisent à l’unité pour C’est ce que l’on peut démontrer directement, en prenant dans l’équation (4),

Quant au nombre il doit seulement être assez petit pour que la partie réelle de la fonction imaginaire reste constamment positive entre les limites Cette condition étant remplie, la partie réelle de l’expression imaginaire

sera elle-même positive ; et par suite, si l’on fait

on aura

Cela posé, l’équation (17) deviendra

(18)

En vertu de cette dernière équation, toute valeur de propre à résoudre la question proposée sera nécessairement de la forme

(19)

désignant deux quantités constantes. Il est aisé, de plus, de s’assurer que ces deux quantités constantes doivent demeurer entièrement arbitraires.