Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8522

8522. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
18 avril.

Mon héros m’a reproché quelquefois de trop respecter ses plaisirs et ses occupations, et de ne lui envoyer jamais les petits ouvrages de province qui pouvaient me tomber sous la main.

Voici un sermon de carême[1] qui m’a paru n’être pas indigne d’entrer dans le sottisier de monseigneur. J’ai pensé même qu’il pourrait, vers la Quasimodo, engager M. l’abbé de Voisenon, ci-devant grand vicaire de Boulogne, à faire de ce sermon un opéra-comique[2], afin que la morale soit annoncée dans toutes les assemblées de la nation. C’est à mon héros à dire s’il y a jamais eu de bégueule dans le goût de celle dont il est ici question. S’il en a trouvé, il les a bien vite corrigées sans être charbonnier. Je me mets aux pieds de mon héros, du fond des autres des Alpes, où j’achève ma vie, en le respectant autant que je l’aime.

  1. La Begueule, conte ; voyez tome X.
  2. Favart en fit sa Belle Arsène, comédie mêlée d’ariettes, en trois actes, jouée le 14 auguste 1775 ; mais on attribuait alors à Voisenon tous les ouvrages de Favart et de sa femme ; voyez à ce sujet la note, tome XLIV, page 93.