Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8489

Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 38).
8489. — DE M. HENNIN[1].
À Versailles, le 5 mars,

J’étais déjà à Mâcon lorsque je me suis rappelé que vous m’aviez parlé d’un paquet que vous vouliez envoyer à Paris, et dont je vous avais promis de me charger. Les occasions où je puis faire quelque chose qui vous soit agréable sont si rares que j’ai été très-fâché d’avoir manqué celle-ci.

N’attribuez, je vous prie, cette faute de ma part qu’à la multitude de petits soins dont j’ai été obligé de m’occuper au moment de partir, et fournissez-moi quelque moyen de la réparer lors de mon retour à Genève, qui sera, j’espère, peu après Pâques.

Vous êtes dans votre solitude à peu près aussi instruit de ce qui se passe ici que les gens qui partagent leur vie entre Paris et Versailles. Il n’y a que la masse des changements qu’il vous serait, je crois, difficile de vous figurer. Après trois ans d’absence, je trouve presque tout le monde changé d’état et de logement. Les gens de lettres même me paraissent dans une position très-différente de celle où je les avais laissés. Je remets à mon retour à vous entretenir de toutes ces choses auxquelles il est impossible de ne pas prendre intérêt, quoiqu’on préfère son jardin au palais des rois.

J’ai vu, monsieur, quelques-uns de vos amis ; mais jusqu’ici j’ai plus habité Versailles que Paris. Dorénavant ce sera le contraire. J’espère beaucoup de M. le duc d’Aiguillon, dont j’ai été très-bien reçu. Mais quel que soit le succès de mon voyage, je l’abrégerai le plus qu’il me sera possible. Qu’il est doux d’être chez soi ! Donnez-moi vos ordres, monsieur, pour le moment de mon retour. Je serai d’autant plus exact à les exécuter que je me fais un devoir et un plaisir de vous donner des preuves du dévouement inviolable avec lequel, etc.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.