Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6485

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 411-412).

6485. — À M.  DAMILAVILLE.
5 septembre.

On m’a fait voir enfin, mon cher ami, mes prétendues Lettres[1] imprimées à Amsterdam par le sieur Robinet. Il y en a trois qu’on impute bien ridiculement à Montesquieu[2]. Les autres sont falsifiées, selon la méthode honnête des nouveaux éditeurs de Hollande. Les notes qu’on y a jointes méritent le carcan. Il est bien triste que votre ami ait été en relation avec ce Robinet.

Vous devez avoir actuellement la lettre[3] du vertueux Jean-Jacques à ce fripon de M.  Hume, qui avait eu l’insolence de lui procurer une pension du roi d’Angleterre ; c’est un trait qu’un galant homme ne peut jamais pardonner. Je me flatte que vous m’enverrez cette belle lettre de Jean-Jacques ; on dit qu’il y a huit pages entières de pauvretés. Le bruit court qu’il est devenu tout à fait fou en Angleterre, physiquement fou ; qu’on le garde actuellement à vue, et qu’on va le transférer à Bedlam. Il faudrait, par représailles, mettre aux Petites-Maisons une de ses protectrices[4].

Vous voyez que tout ce qui se passe est bien désagréable pour la philosophie. Tâchez de faire partir au plus tôt vos deux Hollandais[5]. Je suis toujours très-affligé et très-malade.

Voici une lettre pour Protagoras[6], dont je vous prie de mettre l’adresse.

  1. Voyez tome XXV, page 579.
  2. Voyez ibid., page 583.
  3. La lettre de J.-J. Rousseau à Hume est du 10 juillet 1766.
  4. Si ce n’est pas ici une expression vague, si Voltaire a voulu désigner quelqu’un, ce doit être Mme  de Latour-Franqueville, qui a publié plusieurs écrits dans lesquels elle a pris constamment la défense de J.-J, Rousseau, (B.)
  5. Voyez lettre 6475.
  6. Cette lettre pour d’Alembert est perdue.