Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6431

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 362-363).

6431. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux eaux de Rolle, 26 juillet.

Je vous importunai, mes anges, par ma dernière lettre, en faveur d’un Ballexserde[1], qui en effet a du mérite : je vous suppliai de daigner lui procurer une audience de M.  le duc de Choiseul ; mais aujourd’hui je crois devoir vous prier de n’en rien faire. Je viens d’apprendre que la moitié de Genève a publié un libelle contre l’autre ; que même on manque violemment de respect dans ce libelle à monsieur l’ambassadeur de France. J’ignore de quel parti est ce Ballexsced ; mais il me semble que, dans les circonstances présentes, et au point d’aigreur où en sont les esprits, je ne dois pas compromettre vos bontés. M.  le duc de Choiseul est lassé et indigné de toutes les manœuvres des Genevois, et je ne voudrais pas que vous eussiez à vous reprocher d’avoir présenté un homme dont peut-être on serait mécontent. Je retire donc très-humblement ma reqête ; mais je persiste toujours à vous conjurer de me faire avoir au moins le précis de la consultation des avocats en faveur des Polyeuctes et des Néarques. Je vous envoie un petit extrait[2] des dernières nouvelles d’Abbeville. Vous serez attendris de plus en plus. J’attends le petit paquet en toile cirée[3] adressé à Meyrin par la diligence de Lyon. La tragédie des langues coupées, etc. m’intéresse plus que celle des roués, ou plutôt, après tant d’horreurs, je ne m’intéresse à rien.

Nous prenons des eaux en Suisse, Mme  Dupuits et moi : elles ne nous feront nul bien ; mais au moins ces eaux ne sont point en Picardie.

Respect et tendresse.

  1. Voyez la lettre 6421.
  2. Ce doit être ce qui est rapporté dans la lettre précédente.
  3. Voyez les lettres 6421 et 6402.