Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6408
J’ai déjà écrit, monsieur, à monsieur l’intendant pour l’affaire à laquelle vous vous intéressez ; je lui représente que, quand on veut prendre des alouettes, il ne faut pas battre le tambour autour du filet.
Je dis quelquefois comme vous : Je ne souffrirai pas cela. Il est affreux que notre France soit la victime de la fureur de quelques prêtres morts il y a longtemps. Mais en cela, comme en beaucoup de choses, il faut se souvenir de la fable des Voyageurs et de Borée[2].
La pucelle du chemin de Versoix, qui n’est, je crois, pas plus pucelle qu’une autre, m’a raconté son exploit ; à la voir, je juge que votre petit protégé ne serait pas son fait. C’est une Suissesse lyonnisée, qui aurait brillé au siège de Beauvais.
Le prince héréditaire a couché cette nuit à Lausanne. Ainsi, préparez-vous à le recevoir.