Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6408

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 341).

6408. — DE M. HENNIN[1].
Genève, 14 juillet 1766.

J’ai déjà écrit, monsieur, à monsieur l’intendant pour l’affaire à laquelle vous vous intéressez ; je lui représente que, quand on veut prendre des alouettes, il ne faut pas battre le tambour autour du filet.

Je dis quelquefois comme vous : Je ne souffrirai pas cela. Il est affreux que notre France soit la victime de la fureur de quelques prêtres morts il y a longtemps. Mais en cela, comme en beaucoup de choses, il faut se souvenir de la fable des Voyageurs et de Borée[2].

La pucelle du chemin de Versoix, qui n’est, je crois, pas plus pucelle qu’une autre, m’a raconté son exploit ; à la voir, je juge que votre petit protégé ne serait pas son fait. C’est une Suissesse lyonnisée, qui aurait brillé au siège de Beauvais.

Le prince héréditaire a couché cette nuit à Lausanne. Ainsi, préparez-vous à le recevoir.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin ; 1825.
  2. Il est sans doute question ici de la fable de La Fontaine, intitulée Phœbus et Borée, livre VI, fable iii.