Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6386
6386. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
4 juillet.
Mon divin ange, voici un homme[1] plus heureux que moi. C’est un de mes compatriotes des déserts de Gex, qui a l’honneur de paraître devant vous ; c’est le syndic de nos grands états, c’est le maire de la capitale de notre pays, qui a deux lieues de large sur cinq de long ; c’est le subdélégué de monseigneur l’intendant, c’est celui qui a posé les limites de la France avec l’auguste république de Genève. M. le duc de Praslin lui avait promis d’orner sa poitrine d’une figure de saint Michel[2] terrassant le diable ; il soupire après ce rare bonheur, et moi, j’attends mes roués. Vous avez vu sans doute M. de Chabanon ; je me mets aux pieds de Mme d’Argental.