Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6304

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 254).

6304. — À M.  L’ABBÉ IRAILH[1].
Ferney, 30 mars.

Depuis la lettre, monsieur, que vous avez bien voulu m’écrire, du 4 mars, M.  Thieriot ne m’a rien envoyé. Je n’ai reçu aucune de ses nouvelles. Il a peu de santé, et c’est l’excuse de son extrême négligence. Si vous êtes dans le dessein de me favoriser du paquet dont vous me flattiez, le moyen le plus court et le plus sûr est de l’envoyer par la diligence de Lyon à M.  Souchai, négociant à Genève.

J’espère trouver, dans les Mémoires de miss Honora[2] le plaisir que m’ont fait vos autres ouvrages. Vous m’annoncez cette production comme tirée d’une source anglaise. Nous devons en user à cet égard comme les Anglais par rapport à nos vins, dont ils ne font passer chez eux que les meilleurs. Tâchons de ne tirer de leur sol en tout genre que ce qu’il peut nous offrir de mieux.

Je ne doute point de la bonté du choix que vous aurez fait, du mérite du sujet, et de tout l’intérêt que vous-même aurez répandu dans cet essai. Voulant bien m’en procurer la lecture, vous me fournirez une occasion de plus de m’affermir dans l’estime que j’ai conçue pour vos talents. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Roman de l’abbé Irailh, qui emprunta son héroïne à Tom Jones.