Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6173


6173. — À M. CHRISTIN FILS,
avocat à saint-claude[1].
2 décembre.

Il est si juste, monsieur, de pendre un homme pour avoir mangé du mouton le vendredi[2], que je vous prie instamment de me chercher des exemples de cette pieuse pratique dans votre province. La perte de la liberté et des biens pour avoir fourni de la viande aux hérétiques en carême n’est qu’une bagatelle. Je voudrais bien savoir de quelle date est la défense de traduire la Bible on langue vulgaire. Cette défense d’ailleurs était très-raisonnable de la part de gens qui sentaient leur cas véreux.

Quand vous feuilletterez vos archives d’horreur et de démence, voulez-vous bien vous donner la peine de choisir tout ce que vous trouverez de plus curieux et de plus propre à rendre la superstition exécrable ?

On ne peut être plus touché que je le suis, monsieur, de votre façon de penser et de votre amitié ; vous êtes véritablement chéri dans notre maison.

  1. Voyez la note, tome XIX, page 444.
  2. Claude Guillon, gentilhomme franc-comtois, eut, en juillet 1629, la tête tranchée, pour avoir mangé du cheval un samedi ; voyez tome XXV, pages 522, 559 ; XXVIII, 343.