Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 5914

Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 459-460).
5914. — À M.  LE CLERC DE MONTMERCY.
10 février.

Je vous remercie bien tard, mon cher confrère en Apollon ; mais assurément je vous remercie de tout mon cœur de l’amitié que vous me témoignez dans toutes les occasions. Il est vrai que j’ai peu d’obligation à M. Robinet[1]. C’est un grand indiscret, sans doute, que ce M. Robinet, qui publie ainsi les secrets des gens qu’il ne connaît pas, et le tout pour vingt-cinq louis d’or ; en vérité, c’est trop payé. Encore, s’il avait imprimé fidèlement mes secrets, il n’y aurait que demi-mal ; il ressemble aux honnêtes gens qui pendent les autres en effigie ; ils ne s’embarrassent pas que le portrait soit ressemblant. Les beaux vers que vous avez bien voulu faire pour moi[2] me consolent ; vous faites mon apothéose quand d’autres me damnent. Ma santé et ma vue s’affaiblissent tous les jours. Je serai bien fâché de mourir sans avoir pu souper entre vous et M. Damilaville, à qui j’adresse ce petit billet pour vous.

Je supprime toutes les cérémonies, le sentiment ne les admet pas.

  1. Éditeur des Lettres secrètes de M. de Voltaire ; voyez tome XXV, page 579.
  2. Voyez la note sur la lettre 5593.