Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 5897

Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 448-449).

5897. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
28 janvier.

Mon cher ange, d’abord comment va la toux de Mme d’Argental, et pourquoi tousse-t-elle ? ensuite je remercie très-humblement M. le duc de Praslin du passe-port[1].

Ensuite vous saurez que je bataille toujours avec le tyran du tripot[2] ; mais vous sentez bien que je serai battu. Il y a de l’aigreur ; on ne m’en a jamais dit la raison.

Il me semble, au sujet des roués, qu’il ne serait pas mal d’attendre Pâques. Peut-être l’acteur dont vous me parlez[3] aura déployé alors des talents qui encourageront le petit ex-jésuite.

Voulez-vous que je vous envoie un Portatif sous le couvert de M. le duc de Praslin ? Je ne m’aviserais pas de prendre ces libertés sans vos ordres précis. Les auteurs de cet ouvrage n’ont pas été assez loin ; ils n’ont fait qu’effleurer les premiers temps du christianisme. Vous savez bien que Paul[4] était une tête chaude ; mais savez-vous qu’il était amoureux de la fille de Gamaliel ? Ce Gamaliel était fort sage ; il ne voulut point d’un fou pour son gendre. Il[5] avait à la vérité de larges épaules, mais il était chauve, et avait les jambes torses ; son grand vilain nez ne plaisait point du tout à Mlle Gamaliel. Il se tourna du côté de sainte Thècle, dont il fut directeur ; mais en voilà trop sur cet animal.

Mon cher ange, vivez gaiement, aimez le plus que borgne.

  1. Pour Moultou et son fils.
  2. Richelieu.
  3. Du Villiers avait débuté le 29 novembre 1764 ; Marsan, le 19 décembre : il serait difficile de dire duquel veut parler Voltaire, si même il parle de l’un des deux. (B.)
  4. Voyez l’article Paul dans le Dictionnaire philosophique, tome XX, page 186.
  5. Paul.