Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5783

Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 339-340).

5783. — À M. LE CLERC DE MONTMERCY.
8 octobre.

L’amitié d’un philosophe comme vous, monsieur, peut consoler de toutes les sottises qu’on fait et qu’on dit chez les Welches. Je ne connaissais point ce M. Robinet[1], et je ne savais pas qu’il fût l’auteur du Traité de la Nature[2]. Il me semble que c’est un ouvrage de métaphysique, et je suis bien étonné qu’un philosophe s’amuse à faire imprimer deux volumes de mes lettres. Où aurait-il pris de quoi faire ces deux volumes ?

À l’égard des six commentateurs, il faut que ce soit la troupe qui travaille au Journal chrétien[3]. Elle ne donnera sans doute que des avis charitables et fraternels ; elle priera Dieu pour moi, et cela me fera beaucoup de bien.

On dit que tous les musiciens ont été à l’enterrement de Rameau, et qu’ils ont fait chanter un très-beau De profundis. Quand je mourrai, les poètes feront contre moi des épigrammes que les dévots larderont de maudissons. En attendant, je me recommande à vous et aux philosophes.

  1. J.-B. Robinet, né à Rennes en 1735, mort dans la même ville le 24 mars 1820, ne publia qu’un volume de lettres de Voltaire à la fin de 1764, sous le titre de Lettres secrètes (voyez tome XXVI, page 135) : il en publia un second, sous un autre titre, en 1766 (voyez tome XXV, page 579.
  2. Voyez la note, tome XLI, pag-e 547.
  3. Les abbés Trublet, Joannet, et Dinouart.