Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5650

Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 217).

5650. — À MADAME GEOFFRIN[1].
Au Délices, 21 mai.

M. le comte de Creutz[2] madame, était bien digne de vous connaître ; il mérite tout ce que vous m’avez fait l’honneur de me dire de lui. S’il y avait un empereur Julien au monde, c’était chez lui qu’il devrait aller en ambassade, et non chez des gens qui font des auto-da-fé, et qui baisent la manche des moines. Il faut que la tête ait tourné au sénat de Suède pour ne pas laisser un tel homme en France : il y aurait fait du bien, et il est impossible d’en faire en Espagne.

Je vous souhaite, madame, les jours et l’estomac de Fontenelle ; vous avez tout le reste. Agréez le respect du Vieux de la montagne.

  1. Marie-Thérèse Rodet, veuve Geoffrin, était née en 1699 ; morte en octobre 1777.
  2. Gustave-Philippe, alors ambassadeur de Suède à Madrid, et bientôt après à Paris, né en 1706, mort en 1785. Ami des lettres, qu’il cultivait, il était très-lié avec Marmontel, qui en parle beaucoup dans ses Mémoires.