Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 574

Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 47-48).
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574. — Á M. THIERIOT.
Cirey.

Je reçois votre lettre. Je vous prie de me faire avoir les Nouvelles à la main, et de dire à M. Lefranc tout ce que vous pourrez de mieux. On lui impute pourtant les Sauvages[1].

Je vais corriger encore Alzire et les Épîtres[2]. Je vous prie d’ajouter à toutes les marques d’amitié que vous devez à la mienne, et à vingt ans d’une tendresse réciproque, l´attention de faire respecter cette amitié. Nous ne sommes plus ni l’un ni l’autre dans un âge où les termes légers et sans égard puissent convenir. Je ne parle jamais de. M. Thieriot que comme d’un homme que je considère autant que je l’aime, M. de Fontenelle n’avait point d’amitié pour Lamotte, mais pour M. de Lamotte. Cette po]itesse donne du relief à celui qui la met à la mode. Les petits-maîtres de la rue Saint-Denis disaient la Lecouvreur, et le cardinal de Fleury disait Mlle  Lecouvreur. On serait très-mal venu à dire, devant moi, Thieriot ; cela était bon à vingt ans. M. Marivaux ne sait pas à quoi il s’expose. On va imprimer un recueil nouveau[3] de mes ouvrages, où je mettrai ses ridicules dans un jour qui le couvrira d’opprobre.

  1. Les Sauvages, parodie d’Alzire, sont de Romagnesi et Riccoboni.
  2. Par les épitres Voltaire désigne sans doute l´Épitre dédicatoire à Mme  du Châtelet, qui toutefois ne se trouve pas dans la première édition d’Alzire ; et le Discours préliminaire qu’il devait adresser à Thieriot, et mettre à la fin de sa tragédie. Voyez la lettre 555.
  3. L’édition des Œuvres de M. de Voltaire, Amsterdam, Ledet, 1738, trois volumes in-8o ; un quatrième volume est de 1739 ; un sixième, de 1745.