Correspondance de Leibniz et d’Arnauld (Félix Alcan)/5
Leibniz au Landgrave.
V. A. S. aura reçu la lettre que j’ai envoyée par la poste précédente avec ce que j’y ai joint en forme de lettre à V. A., dont la copie pourrait être communiquée à M. A. Depuis j’ai songé qu’il faudrait mieux en ôter ces paroles vers la fin : « Cependant si celle, où il est, était si prompte à censurer, un tel procédé devrait servir d’avertissement, etc., » jusqu’à ces mots : « Surtout quand on n’a pas de quoi se faire ménager, » de peur que M. A. n’en prenne occasion d’entrer dans les disputes de controverses, comme si on avait attaqué l’Église, qui n’est nullement ce dont il s’agit. On pourrait dans la copie mettre à leur place ces mots : « Et le moins du monde dans la communion de M. A. où le concile de Trente aussi bien que les papes se sont contentés fort sagement de censurer les opinions où il y a manifestement des choses qui paraissent contraires à la foi et aux mœurs sans éplucher les conséquences philosophiques, lesquelles s’il fallait écouter, en matière de censures, les Thomistes passeraient pour Calvinistes selon les Jésuites, les Jésuites passeraient pour Semipélagiens selon les Thomistes, et les uns et les autres détruiraient la liberté selon Durandus et P. Louys de Dole ; et en général toute absurdité passerait pour un athéisme, parce qu’on peut faire voir qu’elle détruirait la nature de Dieu. »