Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0792

Louis Conard (Volume 5p. 144-145).

792. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, lundi matin, 10 heures, 18 juillet [1864].
Mon Bibi,

Maxime Du Camp m’écrit ce matin qu’il a trouvé pour Fovard[1] une merveille, 200 francs : c’est le biscuit de Sèvres représentant la Baigneuse de Falconnet, absolument intact, provenant de la succession du roi de Wurtemberg ; 38 centimètres de hauteur. Ça vaut à Paris de 700 à 800 francs.

Frédéric sera ravi. Il m’envoie en même temps la facture du marchand et me demande où il faut qu’il l’expédie.

Sans attendre ta réponse, qui ne peut être douteuse, j’envoie immédiatement à Baden 200 francs et j’écris à Max d’expédier la chose à Rouen. Ce sera plus gentil qu’elle parte de Rouen pour Paris, avec une aimable lettre de ta personne pour ce bon Fovard.

Ta grand’mère va porter elle-même tout à l’heure au chemin de fer tes dentelles pour Gagelin[2]. J’ai cacheté l’adresse moi-même. Tu vois que l’on s’occupe de toi, mon loulou.

Mais voici ce que nous pensons ici. Puisque tu dois venir lundi, tâchez de venir dimanche ou plutôt samedi soir (les ouvriers de Commanville ne travaillant pas le dimanche). Vous resteriez jusqu’à mercredi. On se verrait un peu. De cette façon-là, ta grand’mère n’ira pas à Dieppe jeudi. Ce serait une petite économie pour ta grand’mère, qui te verrait deux jours plus tôt et plus longuement. Tout cela me semble sage. Réponds-nous illico.

Adieu, mon pauvre Caro ; je t’embrasse bien tendrement.

Ton Vieux.

Ta grand’mère a passé son après-midi dans les bonneurs de la Société d’horticulture. Mme Morin et le père Labrousse viennent demain dîner à Croisset, et Mme Achille aussi. Voilà. Tire les favoris à ton époux de ma part.


  1. Notaire, ami de Flaubert.
  2. Couturier.