Correspondance 1812-1876, 5/1865/DLXXXVII



DLXXXVII

À M. LOUIS RATISBONNE, À PARIS


Palaiseau, 30 mars 1865.


Votre bienveillante sympathie pour moi m’enhardit à vous demander, monsieur, votre appui pour mon fils. Son livre[1], très enjoué à la surface, a, je crois, beaucoup de fond, car il fait revivre une figure de fantaisie que l’on peut croire historique, puisqu’elle résume une phase de l’état humain, si je puis dire ainsi. L’étude de cet être évanoui, l’homme d’il y a cinq cents ans, avec toutes ses erreurs, tous ses déportements, ses notions fausses, ses qualités natives, sa rudesse, son aveuglement et sa bonté, offre, je crois, quelque chose de plus sérieux que le récit des aventures arrangées pour le plaisir du lecteur ; et, comme les aventures ne manquent pourtant pas dans ce roman et sont amusantes quand même, je crois, sans trop de prévention maternelle, qu’il mérite quelque attention et l’encouragement de la critique sérieuse.

Me pardonnerez-vous de vous demander la vôtre pour qui n’oserait pas vous la demander lui-même, en vous promettant que nous en serons tous deux très flattés et très reconnaissants ?

Agréez, monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

GEORGE SAND.

  1. Raoul de la Chastre, qui venait de paraître, chez Michel Lévy.