Correspondance 1812-1876, 4/1860/CDLXVI



CDLXVI

À MADEMOISELLE NANCY FLEURY, À PARIS


Nohant, 27 décembre 1860.


C’est moi, chère enfant, qui aurais voulu embrasser ta grand’mère avant son départ. Mais le froid était trop vif et on ne me permet pas encore de m’y exposer aussi longtemps que le voyage, pourtant bien court, de Nohant à la Châtre. À mon retour du Midi, ce printemps, j’irai à Paris vous voir dans votre installation nouvelle, et j’espère trouver la bonne maman bien habituée et bien acclimatée.

Dis à tes parents de ne plus s’inquiéter du tout de moi. Je ne me souviens plus d’avoir été malade, et je crois n’avoir plus aucun besoin des précautions que l’on m’impose. Mais je m’y soumets pour ne pas mécontenter des gens qui m’ont si bien soignée et à qui j’ai causé tant d’inquiétude sans le savoir. Je vais donc encore passer un mois au coin du feu, et tu seras bien aimable de m’y donner de vos nouvelles.

Il me tarde de savoir que vous n’êtes pas mécontents de Paris et que la grand’mère a bien supporté le voyage. Embrasse-la bien pour moi, ma mignonne, ainsi que tes parents et Valentine ; je les charge de te le rendre de ma part.

Ta marraine.
G. SAND.