Correspondance 1812-1876, 3/1850/CCCXX


CCCXX

À M. CHARLES DUVERNET, À LA CHÂTRE


Nohant, décembre 1850.


Mes enfants, envoyez-moi deux objets dont j’ai le plus pressant besoin : une dinde et Muller[1].

Une dinde ! la meilleure que vous aurez, morte ou vive ! il nous arrive des truffes ; mais on va aux épinettes, pas de dinde ! on va dans le village, pas de dinde ! Il faudrait attendre à samedi pour n’en pas trouver de bonne, peut-être. Envoyez-nous ce que vous aurez, et, quand les truffes auront suffisamment parfumé l’intérieur de ladite volaille, venez la manger avec nous. Je crois que, par ce temps humide, trois jours seront le maximum. Nous sommes à jeudi : venez donc samedi ou dimanche ; qu’Eugénie fixe elle-même, d’après ses notions culinaires, le jour convenable.

Muller ! J’ai besoin tout de suite de lui pour remettre au net la chanson du père Rémy et d’autres airs berrichons ; Bocage attend. On va jouer Claudie à la Porte-Saint-Martin : grands acteurs, peut-être Bocage, traité superbe pour moi, etc. ; enfin, ça paraît lancé.

Vite Muller ! vite la dinde ! j’envoie le cabriolet pour l’un et pour l’autre.

Je vous embrasse,

GEORGE.

Pouvez-vous me renvoyer ce que vous avez lu des Mémoires ?

  1. Muller Strubing, réfugié politique, savant musicien, qui était en ce moment l’hôte de la famille Duvernet.