Correspondance 1812-1876, 3/1848/CCLXXVIII


CCLXXVIII

AU CITOYEN THÉOPHILE THORÉ, À PARIS


Nohant, 24 mai 1848.


Mon cher Thoré,

Voyez si vous avez quelques mots à retrancher ou à ajouter, pour ce qui vous concerne, dans les premières lignes de la lettre que je vous adresse ; ces premières lignes sont une réponse à certaines gens qui disent que je me suis sauvée pour n’être pas arrêtée. Comme je ne pouvais pas craindre la moindre chose, je n’avais point à me sauver et je suis fort aisée à trouver à Nohant.

Vous avez raison de faire comme vous faites. La raison du plus brave est toujours la meilleure. Mais soyez prudent en ce qui concerne nos amis. On m’a envoyé quelques numéros de la Vraie République ; après quoi, on s’est arrêté, et, depuis deux jours, je ne reçois plus rien. C’est déplorable, cette négligence ! Il est impossible d’écrire à propos dans un journal qu’on ne lit pas.

J’ignore à quelles personnes appartient l’avenir, je n’ai que la passion de l’idée, et je crains bien que l’idée ne soit paralysée pour longtemps. Vive l’idée quand même !

À vous.

GEORGE SAND.