Correspondance 1812-1876, 2/1840/CXCVII


CXCVII

À GUSTAVE PAPET, À ARS


Paris, janvier 1840.


Mon cher vieux,

Je suis enfin installée rue Pigalle, 16, depuis deux jours seulement, après avoir bisqué, ragé, pesté, juré contre les tapissiers, serruriers, etc., etc. Quelle longue, horrible, insupportable affaire que de se loger ici !

Enfin, c’est terminé.

Au milieu de tout cela, j’ai fait une comédie qui, une fois faite, ne m’a plus semblé bonne et que je ne veux pas même proposer au comité des Français. J’aime mieux attendre le résultat du drame[1].

C’est décidément madame Dorval, qui entre aux Français dans deux mois au plus tard, et qui va commencer mes répétitions tout de suite. Elle vient de débuter à la Renaissance. Elle est plus belle que jamais et ses adversaires eux-mêmes en conviennent. J’ai tenu bon : j’ai poussé Buloz ; j’ai été chez le ministre ; j’ai renversé toutes les barrières et j’ai imposé au Théâtre-Français madame Dorval, qui n’en est pas plus contente pour cela.

Quant à nos personnes, elles sont assez florissantes. Les enfants vont à merveille, moi bien.

Adieu, mon bon vieux ; je t’embrasse en te recommandant de venir voir ma pièce. Je t’avertirai à temps, et tu auras un pied-à-terre chez moi. Mille amitiés à ton père. Les enfants t’embrassent.

GEORGE.
  1. Cosima.