Correspondance 1812-1876, 2/1837/CLXXIII


CLXXIII

À MADAME MAURICE DUPIN, À PARIS


Nohant, 9 juillet 1837.


Chère mère,

Quel bonheur pour moi de vous savoir moins souffrante et tout à fait en voie de guérison ! Mon oncle m’avait beaucoup exagéré votre maladie. Je ne lui en veux pas, parce que ses craintes partaient de son affection pour vous ; mais j’ai bien souffert. Si je n’avais reçu, dès le lendemain, une lettre de Pierret, je me mettais en route. Combien je remercie cet excellent ami de ses soins pour vous ! Je l’ai toujours tendrement aimé, mais combien plus à présent ! Si vous saviez comme il est heureux de pouvoir m’écrire que vous n’êtes pas en danger et que bientôt vous serez tout à fait guérie !

Je remercie tendrement Caroline, non pas des soins qu’elle vous donne (elle obéit à son cœur et sa récompense est en elle-même), mais de m’avoir écrit une bonne et affectueuse lettre, pleine de nouvelles heureuses qui m’ont rendu la vie ! Il est donc vrai que je vous reverrai dans ce petit bois de Nohant, sur ce banc de gazon que nous avons construit pour vous il y a trois ans, et où j’ai été pleurer si amèrement ces jours derniers, vous croyant perdue pour moi !

Mes enfants vous embrassent mille fois, et vous disent toute leur joie présente, toute leur peine passée. Croyez à la mienne aussi, bonne mère ! Surtout, ayez toujours bon courage et confiance. Vous êtes forte, jeune, pleine de volonté. Vous êtes aimée, chérie, soignée. Guérissez vite, et, quand vous serez en état de voyager, j’irai vous chercher pour que vous vous remettiez de toutes vos souffrances à la campagne.

Adieu, chère maman ; je vous embrasse mille fois. Faites-moi donner souvent de vos nouvelles. J’embrasse aussi de toute mon âme Pierret et ma sœur, à qui j’écrirai directement.