Correspondance 1812-1876, 2/1837/CLXI
CLXI
À MADAME D’AGOULT, À PARIS
Eh bien, chère, où êtes-vous donc ? Partez-vous ? Arrivez-vous ? Je vous croyais si près, ces jours-ci, que je vous avais écrit à Châteauroux.
Rollinat vous attendait pour vous offrir ses services et vous embarquer. Mais le voilà, aujourd’hui ! Il arrive seul, et, de vous, point de nouvelles. Je vous écris à tout hasard, désirant de tout mon cœur que la présente ne vous trouve plus à Paris. Venez donc !
Sauf les rideaux, qui sont trop courts de trois pieds, votre chambre est habitable. Il n’y a pas un souffle d’air. Le garde-manger est garni de gibier. Il y a du bois sec sous le hangar. L’aubergiste de la poste, chez lequel la diligence de Blois vous dépose, est averti ; vous aurez, pour venir de Châteauroux à Nohant, une voiture fermée et des chevaux. Ainsi, ne vous occupez de rien. Nommez-vous seulement, ou nommez-moi, et on vous servira. À revoir bientôt, tout de suite, n’est-ce pas ? Si le bon Grzymala[1] veut vous accompagner, emmenez-le. Sa présence augmentera (s’il est possible) l’honneur et le bonheur de la vôtre.
Le futur précepteur[2] est chargé de ne pas quitter Paris sans s’informer de vous et mettre à vos pieds son bras et ses jambes. Je voudrais pouvoir vous envoyer prendre par un ballon chauffé à la vapeur ; mais l’argent me manque.
Tout à vous de cœur.
Franz (si Marie est partie), ma lettre allumera votre pipe, et je vous bige. Venez le plus tôt possible.