Correspondance (d’Alembert)/Correspondance particulière/04
Je suis plus sensible, monsieur, que je ne puis vous le dire, aux éloges dont vous voulez bien honorer mon ouvrage. Cependant, quelque flatté que je sois d’un suffrage aussi éclairé que le vôtre, je crains que l’amitié dont vous avez bien voulu jusqu’ici me donner tant de marques, ne vous prévienne un peu en ma faveur. Pour moi, je vois dans mon ouvrage bien des choses qui manquent ; heureux si je pouvais y suppléer, comme c’est mon dessein, dans les articles dont je suis chargé pour l’Encyclopédie, et où je me propose de traiter plus à fond un grand nombre de matières que les bornes d’un discours préliminaire ne m’ont permis que d’effleurer. Rien ne serait plus flatteur pour moi que de continuer à mériter votre suffrage ; j’ose dire que j’en suis au moins digne par l’attachement sincère que j’ai pour vous, et par la reconnaissance dont je suis pénétré pour toutes vos bontés, et dont je souhaiterais pouvoir vous donner des marques. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, etc.