Contes secrets Russes/Premiers rapports d’un prétendu avec sa future
XX
PREMIERS RAPPORTS D’UN PRÉTENDU AVEC SA
FUTURE
n vieillard avait un fils arrivé à l’âge adulte,
un autre avait une fille nubile. Et ils s’avisèrent
de les marier ensemble. « Allons, Ivanouchka, » dit le père du jeune homme, « je veux te
faire épouser la fille du voisin, tâche de la rencontrer,
aborde-la gentiment et accorde-toi avec
elle. » De son côté, l’autre vieillard dit à sa fille :
Allons, Machourka, je veux te donner en mariage
au fils du voisin ; quand tu le verras, parle-lui
gentiment et établis de bons rapports avec lui. »
Les deux jeunes gens se rencontrèrent dans la rue
et se souhaitèrent le bonjour. « Mon père m’a ordonné,
Ivanouchka, de faire ta connaissance, »
commença la jeune fille. — « Et le mien m’a aussi
donné le même ordre, » répondit le gars. —
Comment donc faire ? Où couches-tu, Ivanouchka ?
— Dans le vestibule. — Et moi dans l’ambar[1] ;
viens me trouver la nuit, nous serons
mieux pour causer. » Ivanouchka fut exact au
rendez-vous et se coucha près de Machourka. « Tu
as passé à côté du goumno ?[2] » — lui demanda-t-elle.
— « Oui. — Eh bien ! tu as vu un tas de
μερδε ? — Oui. — C’est moi qui l’ai χιέε. — Il
n’y a pas à dire, il est gros ! — Comment donc
faire pour nous mettre d’accord ? Il faut voir si tu
as un bon instrument. — Tiens, regarde, » dit-il en
déboutonnant son caleçon, « sous ce rapport je suis
riche ! — Mais il est trop grand pour moi ! Vois un peu comme je l’ai étroit ! — Laisse, je vais
essayer si cela ira. »
L’effet suivit aussitôt les paroles. Dans le premier moment, la jeune fille se mit à crier de toutes ses forces : « Oh ! qu’il me fait mal, comme il mord ! — N’aie pas peur, il n’a pas assez de place, voilà pourquoi il est fâché. — Vois-tu ! je te le disais bien qu’il n’y avait pas de place pour lui ! — Attends un peu, tout à l’heure il sera plus au large. » Quand elle commença à jouir, Machourka s’écria : « Ah ! mon âme, avec ton trésor on pourrait gagner de l’argent ! » À la fin ils s’endormirent ; elle s’éveilla la nuit et baisa le derrière de son amant, croyant l’embrasser sur le visage. Le jeune homme, qui avait trop bien soupé, lâcha un vent. « Eh ! Vania, » dit Machourka, « tu as l’haleine d’un scorbutique ! »