Contes secrets Russes/La belle-mère et le gendre imbécile
LXII
LA BELLE-MÈRE ET LE GENDRE IMBÉCILE
n paysan vivait avec sa femme ; ils avaient une
fille : un jeune homme la demanda en mariage et
l’obtint. Il arriva qu’à la Noël le gendre vint voir
sa belle-mère. Elle l’invita à se mettre à table,
commença à le régaler, plaça devant lui diverses
victuailles, puis engagea la conversation : « Dis-moi,
fils, « demanda-t-elle, « quelle bête a-t-on
tuée chez vous pour la fête ? — Eh bien ! à la
veille même de la fête, mon père a surpris une
chienne dans l’ambar[1] et il l’a battue à la faire
πισσερ et χιερ ; la chienne a réussi non sans peine à s’enfuir, mais mon père s’est mis à sa poursuite,
l’a rattrapée au moment où elle allait sortir de la
maison et l’a encore battue sur le κον. — Allons,
j’ai là un gendre intelligent, » pensa la belle-mère,
« on n’a pas plus d’esprit ! Il sera tard quand
je lui demanderai encore quelque chose ! »
- ↑ Endroit où on conserve le blé, la farine et parfois d’autres denrées.