Contes secrets Russes/L’ours et la paysanne
III
L’OURS ET LA PAYSANNE
ne paysanne labourait dans un champ ; un
ours la vit et se dit : « Penser que pas une
fois je n’ai engagé la lutte avec les femmes !
Sont-elles ou non plus fortes que les hommes ?
J’ai déjà démoli assez de paysans, et je n’ai pas
encore eu l’occasion d’avoir affaire aux femmes. »
Il s’approche donc de la paysanne et lui dit : « Laisse-moi
lutter avec toi ! — Et si tu me déchires
quelque chose, Michel Ivanovitch ? — Eh bien !
en ce cas, je t’apporterai une ruche de miel. —
Soit, luttons ! » L’ours saisit la femme dans ses pattes et la jette sur le sol. Elle lève ses jambes en
l’air, les écarte et lui dit : « Qu’est-ce que tu as
fait ? Comment maintenant me montrerai-je à la
maison ? Que dirai-je à mon mari ? » L’ours regarde,
il aperçoit une grande fente. Voilà son
œuvre ! Il ne sait que faire. Soudain un lièvre passe
en courant. « Attends un peu, » lui » crie l’ours,
« attends, viens ici ! » Le lièvre obéit. L’ours, prenant
la femme par les lèvres du κον, les allonge en
tirant dessus et ordonne au lièvre de les tenir un
moment pendant que lui-même ira en toute hâte
chercher des tilles au bois. Il en rapporte un faisceau
si gros qu’il peut à peine le traîner. Il veut
recoudre la fente faite à la femme. Il jette les tilles
par terre ; la femme a peur, elle pète, ce qui fait
faire au lièvre un bond de deux archines. « Eh bien !
Michel Ivanovitch, ça craque partout ! — À présent
elle se lézarde de tous les côtés ! » dit
l’ours, et il s’enfuit aussi vite que possible.