Contes et légendes annamites/Légendes/026 Histoire de co Diem


XXVI

HISTOIRE DE CO DIÉM.



Du temps du roi Lé thâi tô vivait dans la province de Hà nôi une femme d’une merveilleuse beauté[1]. Dès sa naissance, sans avoir fait aucune étude, elle connaissait les caractères, et plus d’un savant lettré ne pouvait la vaincre. À l’âge de seize ans elle dit à ses parents : « Laissez-moi aller à la montagne de Thân phù, au défilé de Ba giôi, j’y établirai une jolie auberge. Il y passe des gens de toute classe et de toute condition, je les éprouverai, et s’il s’en trouve un de plus savant que moi, je le prendrai pour mari. » Ses parents y consentirent. Elle se rendit donc au Dèo ngang. Là passaient chaque jour mandarins et simples particuliers ; si elle en voyait un de bonne mine elle lui faisait bonne chère et lui proposait des vers ou des bouts-rimés. Quelques savants remplissaient bien la tâche, mais jamais de manière à surpasser l’original. Le trang Quinh lui-même passant par là, composa la contre-partie de plusieurs de ces petites pièces, mais il y en eut une dont il ne put venir à bout. Il essaya cependant de se familiariser avec la fille, mais elle le repoussa.

Voyant qu’elle ne pouvait réussir à trouver son pair, elle revint dans sa famille et renonça au mariage. Elle bâtit dans le village de Van tu, phù de Kiên xuong, province de Hà nôi, une pagode où elle se retira pour s’avancer dans la perfection. Elle y mourut à l’âge de soixante ans.



  1. Belle comme un génie, une fée.