Contes du Sénégal et du Niger/Chapitre 36

Ernest Leroux (p. 209-212).


PROVERBES[1]


Ceux qui parlent beaucoup ne pensent pas beaucoup.

Ceux qui ont la bouche pleine de farine ne peuvent parler.

Si tu doutes de la parole de ton ami, tu réjouis tes ennemis.

Si l’on te frappe avec un bâton, ne regarde pas celui qui te frappe, cherche plutôt pourquoi l’on te frappe.

Si tu plantes un arbre et que tu l’arroses chaque jour, tu seras plus tard assis au frais.

Souvent on te dit une petite parole pour te faire faire une chose, et si tu ne la fais pas, beaucoup de grandes paroles en résultent.

Si dans ta jeunesse tu travailles bien, dans ta vieillesse tu te reposeras bien.

Deux choses sont bonnes dans l’homme, la langue et le cœur : si l’une est bonne, l’autre est bon.

Celui qui est brave acquiert des richesses : le poltron reste pauvre.

Celui qui rit parce qu’on lui a raconté une chose plaisante, est un sage. Celui rit sans cause, un fou.

Quand on veut juger une chose, il ne faut pas croire, mais savoir.

Un homme et une femme qui sont pauvres et peu intelligents ne sont rien : mais s’ils ont un fils distingué, ils deviennent quelque chose.

Il y a trois choses qu’il ne faut pas confier : une jolie femme à un beau garçon : une lettre à qui sait lire : un secret à une femme.

Les pieds ne peuvent tuer personne, mais la langue peut tuer tout le monde, en trompant.

Maabiata, roi de l’Afrique, qui demeurait à Cham en Arabie, fit appeler un homme et lui dit : « Donne-moi des nouvelles de toute l’Afrique ». L’homme répondit : « Pourquoi me demander cela ? Si le roi d’Afrique va bien, toute l’Afrique va bien ».



  1. Cette série m’a été contée à Nioro par un marabout peulh, Amadou ould Hamidou, descendant d’Amadou Cheikou, fils d’El Hadj Omar. Il passait pour détenir de nombreux manuscrits arabes, entre autre ceux des Mille et une Nuits, d’Ila Mounaz, et d’Horo Abou’l Kaïs.