Contes du Sénégal et du Niger/Chapitre 24

Ernest Leroux (p. 171-172).


LA MARIÉE DÉSOBÉISSANTE


Les Sarakolé du Guidioumé ont d’autres souvenirs se rattachant au temps où les premiers hommes vivaient encore sur les montagnes : ils disent qu’une jeune fille ayant été mariée à un homme d’un autre village, avant de l’envoyer dans la maison du fiancé, sa mère qui, suivant l’usage, ne l’accompagnait pas, lui donna un conseil : « Si tu éprouves un besoin naturel avant d’arriver à la maison de ton époux, garde-toi bien de le satisfaire sur une branche d’arbre ». C’était alors un usage. Mais une femme qui accompagnait la jeune mariée lui donna le conseil contraire, qu’elle suivit. Après avoir replié jusqu’à terre une branche d’arbre, elle satisfit dessus ce pressant besoin, mais celle-ci se releva et elle fut couverte d’excréments. Sa honte fut telle qu’elle fut changée en pierre, et on la voit encore, près de Makana, avec sa calebasse à la main, suivant l’usage des épousées.