Contes du Sénégal et du Niger/Chapitre 22

Ernest Leroux (p. 165-166).

LES PREMIERS HOMMES[1]


D’après une légende conservée chez les Ouassoulonkés et les Peulh, les premiers hommes ne connaissaient ni le fer ni le feu : ils étaient pasteurs et s’appelaient les Ntonou. Ils vivaient dans le Doro Dougou à trois jours de Sikasso. Une fois, ils ont constaté que les herbes brûlaient, ce qu’ils ne s’expliquaient pas. Ils ont envoyé un des leurs pour voir la cause de l’incendie, et cet émissaire a trouvé dans un trou un petit homme : malgré qu’il l’ait salué et appelé, ce dernier n’a pas répondu. Alors le Ntonou est revenu avec une calebasse pleine de lait et l’a posée à terre, en disposant autour une corde à nœud coulant, puis il s’est caché. Quand le petit homme est sorti de son trou et a voulu boire, le Ntonou l’a pris avec son lasso, et a constaté qu’il avait une queue comme un singe. Il lui a demandé pourquoi il ne lui avait pas répondu, quand il l’avait salué ; le petit homme a déclaré que, ayant une queue, il avait honte. Alors le Ntonou lui a coupé la queue et l’a ammené dans son village ainsi que son frère. Depuis, tous les nains qui demeuraient dans la montagne, et qui tous avaient une queue, hommes et femmes, sont venus habiter avec les Ntonou. C’était eux qui à l’origine, allumaient le feu, mais depuis ils ont appris aux hommes qui descendent des Ntonou à l’allumer avec un caillou et un morceau de fer. Ces deux premiers forgerons s’appelaient Noumara et Noumori leurs descendants s’appellent encore Noumou.




  1. Les récits concernant la Dioufounou et le Guidioumé m’ont été dits à Yélimané (cercle de Nioro), par Gagny Niakhaté, chef du canton du Diafounou, et de race Sarajolé. Ils ont paru en 1908, dans l’Anthropologie.