Considérations sur le Judaïsme/Préface


Etablissement Acquarone (p. 5-6).


PRÉFACE


Au milieu des oscillations de la conscience, qui se font sentir, aussi bien dans le Judaïsme que dans les autres confessions, ceux qui ont à cœur l’avenir de l’Humanité, comprennent qu’il faut donner à la Jeunesse une instruction religieuse solide et non superficielle.

Le temps est venu où il n’est plus permis de se contenter, pour pétrir l’âme de l’enfant, d’un simple formulaire, aussi savant soit-il.

Tant que les pratiques religieuses illuminaient notre foyer et que le « Pontificat domestique » en Israël n’était pas un vain mot, le Catéchisme, tel qu’il existe, pouvait suffire.

Aujourd’hui, les enfants dont on veut bien nous confier l’éducation surtout à la veille de leur « Majorité religieuse » — ont, à peu près, tout à apprendre.

Hélas ! cela n’est point de leur faute !

Aussi, dans le livre que nous présentons au public, et qui est le résumé, fidèle des cours faits, depuis 35 ans, dans les Lycées de Nantes, de Nice et de Marseille, avons-nous jugé à propos d’encadrer les leçons proprement dites avec des textes bibliques, des Extraits des œuvres de nos Sages, des légendes juives d’une si naïve et admirable poésie, afin de familiariser l’élève avec notre littérature. En général, notre mentalité est faite de la somme des idées ancestrales qui nous ont été transmises, à travers les siècles, comme un patrimoine intangible, et il n’est pas plus permis d’ignorer le nom de Maimonides ou de Juda Halévique celui d’Homère ou de Sophocle.

La préoccupation principale de celui qui est chargé de la délicate mission « d’enseigner la religion » — surtout à une époque comme la nôtre, où s’agitent tant de problèmes de la plus haute importance — doit, à notre avis, être la suivante : celle de n’aborder aucune question sans la plus entière bonne foi. Si nous voulons que nos élèves, une fois arrivés à l’âge du raisonnement, ne nous fassent pas le reproche de leur avoir présenté des fables, en place de l’Histoire ; si nous voulons qu’ils fassent honneur au Judaïsme et ne parlent pas, avec un désespérant haussement d’épaules, de ses conceptions philosophiques et morales, il faut avoir le courage de leur offrir la vérité, de face et non de profil !

Nous avons l’intime conviction que si le Juif moderne étudie notre Histoire où se révèle, à chaque page, l’intervention divine, il restera bon Juif, et constatera avec bonheur que nos sublimes doctrines sont loin d’être en désaccord avec les données de la Science !

La seule manière de faire aimer le Judaïsme, c’est de le faire connaître.

« Ignoti nulla cupido ».


HONEL MEISS,
grand-rabbin.


Marseille, Juillet 1908.