Cinna ou la Clémence d’Auguste/CINNA/Acte IV
ACTE IV.
Scène première.
Tout ce que tu me dis, Euphorbe, est incroyable.
Seigneur, le récit même en paroît effroyable :
On ne conçoit qu’à peine une telle fureur[2],
Et la seule pensée en fait frémir d’horreur.
Quoi ? mes plus chers amis ! quoi ? Cinna ! quoi ? Maxime !
Les deux que j’honorois d’une si haute estime,
À qui j’ouvrois mon cœur, et dont j’avois fait choix
Pour les plus importants et plus nobles emplois !
Après qu’entre leurs mains j’ai remis mon empire,
Pour m’arracher le jour l’un et l’autre conspire !
Maxime a vu sa faute, il m’en fait avertir[3],
Et montre un cœur touché d’un juste repentir ;
Mais Cinna !
Et contre vos bontés d’autant plus se mutine ;
Lui seul combat encor les vertueux efforts
Que sur les conjurés fait ce juste remords[4],
Et malgré les frayeurs à leurs regrets mêlées,
Il tâche à raffermir leurs âmes ébranlées.
Lui seul les encourage, et lui seul les séduit !
Ô le plus déloyal que la terre ait produit[5] !
Ô trahison conçue au sein d’une furie !
Ô trop sensible coup d’une main si chérie !
Cinna, tu me trahis ! Polyclète, écoutez.
Tous vos ordres, Seigneur, seront exécutés.
Qu’Éraste en même temps aille dire à Maxime
Qu’il vienne recevoir le pardon de son crime.
Il l’a trop jugé grand pour ne pas s’en punir[8] ;
À peine du palais il a pu revenir,
Que, les yeux égarés, et le regard farouche[9],
Le cœur gros de soupirs, les sanglots à la bouche,
Il déteste sa vie et ce complot maudit,
M’en apprend l’ordre entier tel que je vous l’ai dit,
Et m’ayant commandé que je vous avertisse,
Il ajoute : « Dis-lui que je me fais justice,
Que je n’ignore point ce que j’ai mérité[10]. »
Puis soudain dans le Tibre il s’est précipité ;
Et l’eau grosse et rapide, et la nuit assez noire[11],
M’ont dérobé la fin de sa tragique histoire.
Sous ce pressant remords il a trop succombé[12],
Et s’est à mes bontés lui-même dérobé ;
Il n’est crime envers moi qu’un repentir n’efface.
Mais puisqu’il a voulu renoncer à ma grâce,
Allez pourvoir au reste, et faites qu’on ait soin
De tenir en lieu sûr ce fidèle témoin.
Scène II.
Ciel, à qui voulez-vous désormais que je fie
Les secrets de mon âme et le soin de ma vie ?
Reprenez le pouvoir que vous m’avez commis,
Si donnant des sujets il ôte les amis,
Si tel est le destin des grandeurs souveraines
Que leurs plus grands bienfaits n’attirent que des haines,
Et si votre rigueur les condamne à chérir
Ceux que vous animez à les faire périr.
Pour elles rien n’est sûr ; qui peut tout doit tout craindre.
Rentre en toi-même, Octave, et cesse de te plaindre.
Quoi ! tu veux qu’on t’épargne, et n’as rien épargné !
Songe aux fleuves de sang où ton bras s’est baigné,
De combien ont rougi les champs de Macédoine,
Combien en a versé la défaite d’Antoine,
Combien celle de Sexte[14], et revois tout d’un temps
Pérouse au sien noyée, et tous ses habitants[15] ;
Remets dans ton esprit, après tant de carnages,
De tes proscriptions les sanglantes images,
Où toi-même, des tiens devenu le bourreau,
Au sein de ton tuteur enfonças le couteau[16] :
Et puis ose accuser le destin d’injustice[17],
Quand tu vois que les tiens s’arment pour ton supplice,
Et que par ton exemple à ta perte guidés,
Ils violent des droits que tu n’as pas gardés[18] !
Leur trahison est juste, et le ciel l’autorise :
Quitte ta dignité comme tu l’as acquise ;
Rends un sang infidèle à l’infidélité[19],
Et souffre des ingrats après l’avoir été.
Mais que mon jugement au besoin m’abandonne !
Quelle fureur, Cinna, m’accuse et te pardonne ?
Toi, dont la trahison me force à retenir
Ce pouvoir souverain dont tu me veux punir,
Me traite en criminel, et fait seule mon crime,
Relève pour l’abattre un trône illégitime,
Et, d’un zèle effronté couvrant son attentat,
S’oppose, pour me perdre, au bonheur de l’État !
Donc jusqu’à l’oublier je pourrois me contraindre !
Tu vivrois en repos après m’avoir fait craindre[20] !
Non, non, je me trahis moi-même d’y penser :
Qui pardonne aisément invite à l’offenser ;
Punissons l’assassin, proscrivons les complices.
Mais quoi ! toujours du sang, et toujours des supplices[21] !
Ma cruauté se lasse et ne peut s’arrêter ;
Je veux me faire craindre et ne fais qu’irriter.
Rome a pour ma ruine une hydre trop fertile[22] :
Une tête coupée en fait renaître mille,
Et le sang répandu de mille conjurés
Rend mes jours plus maudits, et non plus assurés.
Octave, n’attends plus le coup d’un nouveau Brute ;
Meurs, et dérobe-lui la gloire de ta chute ;
Meurs : tu ferois pour vivre un lâche et vain effort,
Si tant de gens de cœur font des vœux pour ta mort,
Et si tout ce que Rome a d’illustre jeunesse
Pour te faire périr tour à tour s’intéresse[23]
Meurs, puisque c’est un mal que tu ne peux guérir ;
Meurs enfin, puisqu’il faut ou tout perdre, ou mourir.
La vie est peu de chose, et le peu qui t’en reste
Ne vaut pas l’acheter par un prix si funeste[24].
Meurs, mais quitte du moins la vie avec éclat ;
Éteins-en le flambeau dans le sang de l’ingrat[25] ;
À toi-même en mourant immole ce perfide ;
Contentant ses désirs, punis son parricide ;
Fais un tourment pour lui de ton propre trépas,
En faisant qu’il le voie et n’en jouisse pas :
Mais jouissons plutôt nous-mêmes[26] de sa peine,
Et si Rome nous hait, triomphons de sa haine.
Ô Romains, ô vengeance, ô pouvoir absolu,
Ô rigoureux combat d’un cœur irrésolu
Qui fuit en même temps tout ce qu’il se propose !
D’un prince malheureux ordonnez quelque chose.
Qui des deux dois-je suivre, et duquel m’éloigner ?
Ou laissez-moi périr, ou laissez-moi régner.
Scène III.
Madame, on me trahit, et la main qui me tue
Rend sous mes déplaisirs ma constance abattue.
Cinna, Cinna, le traître…
Seigneur, et j’ai pâli cent fois à ce récit.
Mais écouteriez-vous les conseils d’une femme[28] ?
Hélas ! de quel conseil est capable mon âme ?
Votre sévérité, sans produire aucun fruit[29],
Seigneur, jusqu’à présent a fait beaucoup de bruit.
Par les peines d’un autre aucun ne s’intimide :
Salvidien à bas a soulevé Lépide ;
Murène a succédé, Cépion l’a suivi ;
Le jour à tous les deux dans les tourments ravi
N’a point mêlé de crainte à la fureur d’Égnace[30],
Dont Cinna maintenant ose prendre la place ;
Et dans les plus bas rangs les noms les plus abjets[31]
Ont voulu s’ennoblir par de si hauts projets.
Après avoir en vain puni leur insolence,
Essayez sur Cinna ce que peut la clémence[32] ;
Faites son châtiment de sa confusion ;
Cherchez le plus utile en cette occasion :
Sa peine peut aigrir une ville animée,
Son pardon peut servir à votre renommée[33] ;
Et ceux que vos rigueurs ne font qu’effaroucher
Peut-être à vos bontés se laisseront toucher.
Gagnons-les tout à fait en quittant cet empire
Qui nous rend odieux, contre qui l’on conspire.
J’ai trop par vos avis consulté là-dessus ;
Ne m’en parlez jamais, je ne consulte plus.
Cesse de soupirer, Rome, pour ta franchise :
Si je t’ai mise aux fers, moi-même je les brise,
Et te rends ton État, après l’avoir conquis,
Plus paisible et plus grand que je ne te l’ai pris ;
Si tu me veux haïr, hais-moi sans plus rien feindre ;
Si tu me veux aimer, aime-moi sans me craindre :
De tout ce qu’eut Sylla de puissance et d’honneur,
Lassé comme il en fut, j’aspire à son bonheur.
Assez et trop longtemps son exemple vous flatte ;
Mais gardez que sur vous le contraire n’éclate :
Ce bonheur sans pareil qui conserva ses jours
Ne seroit pas bonheur, s’il arrivoit toujours.
Eh bien ! s’il est trop grand, si j’ai tort d’y prétendre[34],
J’abandonne mon sang à qui voudra l’épandre.
Après un long orage il faut trouver un port ;
Et je n’en vois que deux, le repos, ou la mort.
Quoi ? vous voulez quitter le fruit de tant de peines ?
Quoi ? vous voulez garder l’objet de tant de haines ?
Seigneur, vous emporter à cette extrémité,
C’est plutôt désespoir que générosité.
Régner et caresser une main si traîtresse,
Au lieu de sa vertu, c’est montrer sa foiblesse.
C’est régner sur vous-même, et, par un noble choix,
Pratiquer la vertu la plus digne des rois.
Vous m’aviez bien promis des conseils d’une femme :
Vous me tenez parole, et c’en sont là, Madame.
Après tant d’ennemis à mes pieds abattus,
Depuis vingt ans je règne, et j’en sais les vertus ;
Je sais leur divers ordre, et de quelle nature[35]
Sont les devoirs d’un prince en cette conjoncture[36] :
Tout son peuple est blessé par un tel attentat,
Et la seule pensée est un crime d’État,
Une offense qu’on fait à toute sa province,
Dont il faut[37] qu’il la venge, ou cesse d’être prince.
Donnez moins de croyance à votre passion.
Ayez moins de foiblesse, ou moins d’ambition.
Ne traitez plus si mal un conseil salutaire.
Le ciel m’inspirera ce qu’ici je dois faire.
Adieu : nous perdons temps.
Seigneur, que mon amour n’aye obtenu ce point.
C’est l’amour des grandeurs qui vous rend importune.
J’aime votre personne, et non votre fortune.
(Elle est seule[38].)
Il m’échappe : suivons, et forçons-le de voir[39]
Qu’il peut, en faisant grâce, affermir son pouvoir,
Et qu’enfin la clémence est la plus belle marque
Qui fasse à l’univers connoître un vrai monarque.
Scène IV.
D’où me vient cette joie ? et que mal à propos
Mon esprit malgré moi goûte un entier repos !
César mande Cinna sans me donner d’alarmes !
Mon cœur est sans soupirs, mes yeux n’ont point de larmes,
Comme si j’apprenois d’un secret mouvement
Que tout doit succéder à mon contentement !
Ai-je bien entendu ? me l’as-tu dit, Fulvie ?
J’avois gagné sur lui qu’il aimeroit la vie,
Et je vous l’amenois, plus traitable et plus doux,
Faire un second effort contre votre courroux[40],
Je m’en applaudissois, quand soudain Polyclète,
Des volontés d’Auguste ordinaire interprète,
Est venu l’aborder et sans suite et sans bruit,
Et de sa part sur l’heure au palais l’a conduit.
Auguste est fort troublé, l’on ignore la cause ;
Chacun diversement soupçonne quelque chose :
Tous présument qu’il ait un grand sujet d’ennui,
Et qu’il mande Cinna pour prendre avis de lui.
Mais ce qui m’embarrasse, et que je viens d’apprendre[41],
C’est que deux inconnus se sont saisis d’Évandre,
Qu’Euphorbe est arrêté sans qu’on sache pourquoi,
Que même de son maître on dit je ne sais quoi :
On lui veut imputer un désespoir funeste ;
On parle d’eaux, de Tibre, et l’on se tait du reste.
Que de sujets de craindre et de désespérer,
Sans que mon triste cœur en daigne murmurer !
À chaque occasion le ciel y fait descendre
Un sentiment contraire à celui qu’il doit prendre :
Une vaine frayeur tantôt m’a pu troubler[42],
Et je suis insensible alors qu’il faut trembler.
Je vous entends, grands Dieux ! vos bontés que j’adore
Ne peuvent consentir que je me déshonore ;
Et ne me permettant soupirs, sanglots, ni pleurs,
Soutiennent ma vertu contre de tels malheurs.
Vous voulez que je meure avec ce grand courage
Qui m’a fait entreprendre un si fameux ouvrage ;
Et je veux bien périr comme vous l’ordonnez,
Et dans la même assiette où vous me retenez.
Ô liberté de Rome ! ô mânes de mon père !
J’ai fait de mon côté tout ce que j’ai pu faire :
Contre votre tyran j’ai ligué ses amis,
Et plus osé pour vous qu’il ne m’étoit permis.
Si l’effet a manqué, ma gloire n’est pas moindre ;
N’ayant pu vous venger, je vous irai rejoindre,
Mais si fumante encor d’un généreux courroux,
Par un trépas si noble et si digne de vous,
Qu’il vous fera sur l’heure aisément reconnoître[43]
Le sang des grands héros dont vous m’avez fait naître.
Scène V.
Mais je vous vois, Maxime, et l’on vous faisoit mort !
Euphorbe trompe Auguste avec ce faux rapport :
Se voyant arrêté, la trame découverte,
Il a feint ce trépas pour empêcher ma perte.
Que dit-on de Cinna ?
C’est de voir que César sait tout votre secret[44] ;
En vain il le dénie et le veut méconnoître,
Evandre a tout conté pour excuser son maître,
Et par ordre d’Auguste on vient vous arrêter.
Celui qui l’a reçu tarde à l’exécuter :
Je suis prête à le suivre et lasse de l’attendre.
Il vous attend chez moi.
Chez vous !
Mais apprenez le soin que le ciel a de vous :
C’est un des conjurés qui va fuir avec nous.
Prenons notre avantage avant qu’on nous poursuive ;
Nous avons pour partir un vaisseau sur la rive[45].
Me connois-tu, Maxime, et sais-tu qui je suis ?
En faveur de Cinna je fais ce que je puis,
Et tâche à garantir de ce malheur extrême
La plus belle moitié qui reste de lui-même.
Sauvons-nous, Émilie, et conservons le jour,
Afin de le venger par un heureux retour.
Cinna dans son malheur est de ceux qu’il faut suivre,
Qu’il ne faut pas venger, de peur de leur survivre :
Quiconque après sa perte aspire à se sauver
Est indigne du jour qu’il tâche à conserver.
Quel désespoir aveugle à ces fureurs vous porte ?
Ô Dieux ! que de foiblesse en une âme si forte !
Ce cœur si généreux rend si peu de combat,
Et du premier revers la fortune[46] l’abat !
Rappelez, rappelez cette vertu sublime ;
Ouvrez enfin les yeux, et connoissez Maxime :
C’est un autre Cinna qu’en lui vous regardez ;
Le ciel vous rend en lui l’amant que vous perdez ;
Et puisque l’amitié n’en faisoit plus qu’une âme,
Aimez en cet ami l’objet de votre flamme ;
Avec la même ardeur il saura vous chérir,
Que…
Tu prétends un peu trop ; mais quoi que tu prétendes,
Rends-toi digne du moins de ce que tu demandes :
Cesse de fuir en lâche un glorieux trépas,
Ou de m’offrir un cœur que tu fais voir si bas ;
Fais que je porte envie à ta vertu parfaite ;
Ne te pouvant aimer, fais que je te regrette ;
Montre d’un vrai Romain la dernière vigueur,
Et mérite mes pleurs au défaut de mon cœur.
Quoi ! si ton amitié pour Cinna s’intéresse[47],
Crois-tu qu’elle consiste à flatter sa maîtresse[48] ?
Apprends, apprends de moi quel en est le devoir,
Et donne-m’en l’exemple, ou viens le recevoir.
Votre juste douleur est trop impétueuse.
La tienne en ta faveur est trop ingénieuse.
Tu me parles déjà d’un bienheureux retour,
Et dans tes déplaisirs tu conçois de l’amour !
Cet amour en naissant est toutefois extrême :
C’est votre amant en vous, c’est mon ami que j’aime,
Et des mêmes ardeurs dont il fut embrasé…
Maxime, en voilà trop pour un homme avisé.
Ma perte m’a surprise, et ne m’a point troublée ;
Mon noble désespoir ne m’a point aveuglée.
Ma vertu tout entière agit sans s’émouvoir,
Et je vois malgré moi plus que je ne veux voir.
Quoi ? vous suis-je suspect de quelque perfidie ?
Oui, tu l’es, puisqu’enfin tu veux que je le die ;
L’ordre de notre fuite est trop bien concerté
Pour ne te soupçonner d’aucune lâcheté :
Les Dieux seroient pour nous prodigues en miracles,
S’ils en avoient sans toi[49] levé tous les obstacles.
Fuis sans moi, tes amours sont ici superflus.
Ah ! vous m’en dites trop.
Ne crains pas toutefois que j’éclate en injures ;
Mais n’espère non plus m’éblouir de parjures.
Si c’est te faire tort que de m’en défier[50],
Viens mourir avec moi pour te justifier.
Vivez, belle Émilie, et souffrez qu’un esclave…
Je ne t’écoute plus qu’en présence d’Octave.
Allons, Fulvie, allons.
Scène VI.
Et digne, s’il se peut, d’un plus cruel refus,
Que résous-tu, Maxime ? et quel est le supplice
Que ta vertu prépare à ton vain artifice ?
Aucune illusion ne te doit plus flatter :
Émilie en mourant va tout faire éclater ;
Sur un même échafaud la perte de sa vie
Étalera sa gloire et ton ignominie,
Et sa mort va laisser à la postérité[51]
L’infâme souvenir de ta déloyauté.
Un même jour t’a vu, par une fausse adresse,
Trahir ton souverain, ton ami, ta maîtresse,
Sans que de tant de droits en un jour violés,
Sans que de deux amants au tyran immolés,
Il te reste aucun fruit que la honte et la rage[52]
Qu’un remords inutile allume en ton courage.
Euphorbe, c’est l’effet de tes lâches conseils ;
Mais que peut-on attendre enfin de tes pareils[53] ?
Jamais un affranchi n’est qu’un esclave infâme ;
Bien qu’il change d’état, il ne change point d’âme[54] ;
La tienne, encor servile, avec la liberté
N’a pu prendre un rayon de générosité[55] :
Tu m’as fait relever une injuste puissance ;
Tu m’as fait démentir l’honneur de ma naissance ;
Mon cœur te résistoit, et tu l’as combattu
Jusqu’à ce que ta fourbe ait souillé sa vertu.
Il m’en coûte la vie, il m’en coûte la gloire,
Et j’ai tout mérité pour t’avoir voulu croire ;
Mais les Dieux permettront à mes ressentiments
De te sacrifier aux yeux des deux amants,
Et j’ose m’assurer qu’en dépit de mon crime
Mon sang leur servira d’assez pure victime,
Si dans le tien mon bras, justement irrité,
Peut laver le forfait de t’avoir écouté.
- ↑ gardes manque dans l’édition de 1643. — troupe de gardes. (1648-60}}
- ↑ Var. On ne conçoit qu’à force une telle fureur. (1643-56)
- ↑ Var. Encore pour Maxime, il m’en fait avertir (a),
Et s’est laissé toucher à quelque repentir. (1643-56)
(a) Unus ex consciis deferebat, « c’était un des complices qui dénonçait la conjuration : » voyez ci-dessus, p. 373. - ↑ Var. Que sur les conjuré fait un juste remords. (1643-56)
- ↑ Var. Ô le plus déloyal que l’enfer ait produit ! (1643-56)
- ↑ Ce jeu de scène manque dans les éditions de 1643-60.
- ↑ Ce jeu manque dans les deux éditions de 1643. Il se trouve deux vers plus haut dans les éditions de 1648-60.
- ↑ Var. Il l’a jugé trop grand pour se le pardonner :
À peine du palais il a pu retourner. (1643-60) - ↑ Var. Que de tous les côtés lançant un œil farouche. (1643-56)
- ↑ Var. Que je n’ignore pas ce que j’ai mérité. (1643-60)
- ↑ Var. Et l’eau grosse et rapide, et la nuit survenue,
L’ont dérobé sur l’heure à ma débile vue.
aug. Sous ses justes remords il a trop succombé. (1643-56)
Var. Dont l’eau grosse et rapide, et la nuit assez noire. (1660-64) - ↑ Var. Sous le pressant remords il a trop succombé. (1660)
- ↑ auguste, seul. (1648-60)
- ↑ Sextus Pompée.
- ↑ Dans la guerre entre Octave et les adhérents d’Antoine, après la bataille de Philippes.
- ↑ Voyez p. 384, note 2.
- ↑ Var. Et puis ose accuser ton destin d’injustice,
Si les tiens maintenant s’arment pour ton supplice,
Et si par ton exemple à ta perte guidés. (1643-56) - ↑ Var. Ils violent les droits que tu n’as pas gardés ! (1643-64)
- ↑ Ce vers rappelle, mais par les mots et le son plutôt que par la pensée, la fin de la première strophe des Larmes de saint Pierre de Malherbe :
Fait de tous les assauts que la rage peut faire
Une fidèle preuve à l’infidélité.
(Voyez le Malherbe de M. Lalanne, tome I, p. 4.) - ↑ Voyez ci-dessus, p. 373 : Quid ergo ! ego percussorem meum securum ambulare patiar, me sollicito ?
- ↑ Quis finis erit suppliciorum ? quis sanguinis ? (P. 374.)
- ↑ Var. Rome a pour ma ruine un hydre trop fertile. (1652-56)
- ↑ Ego sum nobilibus adolescentulis expositum caput, in quod mucrones acuant. (P. 374.)
- ↑ Non est tanti vita, si, ut ego non peream, tam multa perdenda sunt. (Ibidem.)
- ↑ Var. Éteins-en le flambeau dans le sang d’un ingrat. (1643-60)
- ↑ Toutes les éditions publiées du vivant de Corneille portent nous-mêmes, avec une s, à l’exception de celle de 1643 in-4o, qui donne nous-même.
- ↑ Voyez la Notice, p. 365.
- ↑ Admittis muliebre consilium ? (P. 374.)
- ↑ Var. Seigneur, jusques ici votre sévérité
A fait beaucoup de bruit, et n’a rien profité. (1643-56) - ↑ Var. N’a point mis de frayeur dedans l’esprit d’Égnace (a),
Dont Cinna maintenant ose imiter l’audace. (643-56)
(a) Tous ces noms sont aussi empruntés à Sénèque : voyez p. 374. - ↑ Ce mot est toujours écrit ainsi par Corneille, qui ne fait en cela que se conformer à l’usage général de son temps.
- ↑ Nunc tenta quomodo tibi cedat clementia. (P. 374.)
- ↑ Jam nocere tibi non potest, prodesse famæ tuæ potest. (Ibidem.)
- ↑ Var. Aussi dedans la pièce où je m’en vais descendre. (1643-56)
- ↑ Var. Je sais les soins qu’un roi doit avoir de sa vie,
À quoi le bien public, en ce cas, le convie. (1643-56) - ↑ L’édition de 1682 porte, par erreur, conjecture, pour conjoncture.
- ↑ Les éditions de 1643 in-4o de 1648-54, de 1656 et de 1660 portent il fait, pour il faut. Quel que soit le nombre des éditions qui reproduisent cette leçon, ce ne peut être qu’une faute typographique.
- ↑ Ce jeu de scène manque dans les éditions de 1643-60)
- ↑ Var. Il m’échappe : suivons, et le forçons de voir. (1643-56)
- ↑ Var. Faire un second effort contre ce grand courroux ;
J’en rendois grâce aux Dieux, quand soudain Polyctète. (1643-56) - ↑ Var. Mais ce qui plus m’étonne, et que je viens d’apprendre. (1643-56)
- ↑ Var. Une vaine frayeur m’a pu tantôt troubler. (1643-56)
- ↑ Var. Que d’abord son éclat vous fera reconnoître. (1643-56)
- ↑ Var. Est de voir que César sait tout votre secret. (1643-56)
- ↑ Var. Nous avons un vaisseau tout prêt dessus la rive. (1643-56)
- ↑ Les éditions de 1668 et de 1682 portent, par erreur, de fortune, pour la fortune.
- ↑ Var. Quoi ! si ton amitié pour Cinna t’intéresse. (1643-56)
- ↑ Les éditions de 1653-56 portent ta maîtresse, pour sa maîtresse, ce qui est certainement une erreur.
- ↑ L’édition de 1643 in-4o porte sans loi, pour sans toi.
- ↑ Var. si c’est te faire tort que de me défier. (1643-56)
- ↑ Var. Et porte avec son nom à la postérité. (1643-56)
- ↑ Var. Il te reste autre fruit que la honte et la rage. (1643 et 48)
- ↑ Var. Mais que peut-on attendre aussi de tes pareils ? (1643-56)
- ↑ Var. Et pour changer d’état, il ne change point d’âme.(1643-56)
- ↑ Var. N’a su prendre un rayon de générosité. (1660)