Chronique du 24 janvier 1874 (La Nature)

17 janvier 1874

17 janvier 1874

31 janvier 1874

CHRONIQUE

Un mouton à huit pattes. — On vient de porter à Riom, et nous avons été invités à visiter, dit le rédacteur du journal de la localité, un mouton né il y a quelques jours, dans une ferme des environs du Combronde, et qui présente un des plus curieux phénomènes connus jusqu’à ce jour. Ce mouton n’a qu’une tête, mais elle contient deux langues et deux mâchoires. Le cou est unique, mais à partir de la naissance des épaules, il y a lieux individus bien distincts, d’égale force et parfaitement constitués. Il y a, par conséquent, huit pattes. Ce ne sont pas, comme on l’a vu souvent, des membres atrophiés, à peine distincts ; les deux corps se bifurquent aux épaules, et, à partir de là, ils sont, nous le répétons, d’égale forme, d’égale force, et dans les conditions normales d’individus bien constitués. Ce ou ces moutons sont parfaitement noirs, une étoile blanche au milieu du front ; les extrémités des deux queues sont également blanches. Cet animal est né viable et a vécu une heure ; mais les efforts qu’on a dû faire pour délivrer la mère ont été tels, qu’il y a succombé. C’est réellement fâcheux, car, vivant, il aurait eu du succès.

Une nouvelle application du pétrole. — La graisse et l’huile ordinaires, que l’on emploie habituellement pour préserver les métaux de l’envahissement de la rouille, ne remplissent pas complètement le but que l’on désire obtenir ; les huiles siccatives deviennent gommeuses et résineuses, et celles qui ne sèchent pas ne tardent guère à se rancir. Par suite de leur exposition à l’action de l’atmosphère, il se forme des acides qui attaquent le fer. On a trouvé qu’il était préférable de se servir du pétrole pour la préservation des métaux et notamment des armes à feu. Le pétrole est un aussi grand ennemi de l’eau que toutes les huiles grasses ; c’est pourquoi, lorsque l’on recouvre un canon de fusil avec une légère pellicule de pétrole, l’eau est séparée du métal par toute l’épaisseur de la pellicule, et, par suite, elle n’exerce aucune action désorganisatrice sur la surface, ainsi protégée. Les gouttes d’eau qui restent sur la couche mince du pétrole s’évaporent, mais celle-ci demeure à l’état de vernis protecteur. Il est essentiel de ne se servir que de pétrole parfaitement pur, attendu que l’huile impure, telle qu’elle est souvent livrée par le commerce, attaque le métal. Il faut aussi, ajoute la Revue maritime, à laquelle nous empruntons ces renseignements, éviter de mettre ce pétrole rectifié en contact avec les parties vernies de l’arme, à cause de son action sur ces vernis. Avis aux chasseurs.

Nanisme. — La Société géographique italienne a reçu d’Alexandrie, avec la nouvelle de la mort de Miani, divers objets ethnologiques et deux individus vivants de la tribu des Akka ou Tikku-Tikki, achetés par le savant voyageur au roi Munza. Ces individus, dont l’un est âgé de dix-neuf ans et haut de 0m88, et dont l’autre, âgé de dix-huit ans, mesure 0m72, appartiendraient à un peuple nain dont l’existence était déjà affirmée par Hérodote, et que l’Allemand Schweinfurth prétend avoir retrouvé. Voici le portrait qu’en fait ce dernier :

« Ce qui frappe dans les Akka, c’est, en même temps que le ventre proéminent et pendant, l’extrême ténuité des membres comparativement à la longueur de la partie supérieure du corps, ténuité jointe à une étroitesse et à une petitesse remarquables des articulations de la main et du pied. Le thorax, trop ouvert en bas, est, entre, les épaules, extrêmement plat et comprimé ; le dos creux, les jambes arquées et les tibias ployés en dedans. Le crâne présente le type le plus complet du prognathisme et affirme la forme sphérique. Les lèvres sont très-longues et l’obliquité du menton les fait paraître d’autant plus proéminentes. La peau est d’un rouge de cuivre, ainsi que les cheveux, très-crépus, courts et peu abondants, assez semblables à de l’étoupe goudronnée. »

(Gazette de médecine.)

Le premier aéronaute du siège de Paris. — Nous apprenons que M. Duruof, aéronaute du Neptune, vient d’être acquitté par un conseil de guerre devant lequel il avait été traduit à l’occasion des fonctions d’aérostier militaire, qu’il avait acceptées de la Commune. Les juges militaires ont cru devoir rendre la liberté au hardi aéronaute qui est sorti le premier de Paris pendant le siège et qui, en quelque sorte, a tracé la route que ses confrères n’ont point tardé à suivre. M. Duruof a été immédiatement mis en liberté, au milieu des plus vives marques de sympathie. Il a été démontré que le courageux aéronaute a été contraint par la Commune, et qu’il s’est borné seulement à rassembler le matériel aérostatique du siège de Paris. M. Duruof est connu pour un homme de cœur et d’audace, et nous applaudissons à l’heureux dénouement de son procès.

Le Loch-Earn et la Ville-du-Havre. — Le jugement de l’amirauté française, dans l’affaire de l’abordage de la Ville-du-Havre, prouve que le Loch-Earn a exécuté des manœuvres contrairement aux instructions nautiques, en vertu desquelles les navires à voile doivent laisser aux bâtiments à vapeur le soin de les éviter. On ne saurait trop insister sur la nécessité de tenir la main à la stricte exécution de cette clause. Le directeur des postes des États-Unis vient, en effet, de décider qu’on afficherait tous les mois la liste des vapeurs d’Europe en indiquant la durée de la traversée, et que les malles seront confiées à la compagnie qui aura les steamers les plus rapides. Si les précautions ne se multiplient, cette prime constante, accordée avec raison à la vitesse, augmentera successivement les chances d’accidents. En outre, des mesures vont être prises pour organiser le service quotidien entre New-York et les différents ports européens, de sorte que le nombre absolu des steamers va recevoir un rapide accroissement.

Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. — Cette académie vient de tenir sa séance publique annuelle. Voici les résultats des dernières élections, qui ont été proclamées à cette séance par M. le secrétaire perpétuel : Membres honoraires : MM. l’aide camp général Kaufmann, gouverneur général du Turkestan ; le vice-amiral Zélenoï, directeur du département hydrographique du ministère de la marine ; le conseiller privé P. Séménow, vice-président de la Société impériale russe de géographie et directeur du comité central de statistique. Membre correspondants : Classe des sciences physiques et mathématiques, M. Anvers, membre de l’Académie des sciences de Berlin, et dans la section des sciences physiques, M. le major général Gadoline, de la suite de S. M. l’empereur ; M. Schmidt, professeur à l’université de Dorpat, et MM. Cahours et Würtz, membres de l’Académie des sciences de Paris.

(Journal de Saint-Pétersbourg.)